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    I
     
    Un couple de retraités vit dans la grande maison à l'entrée de la petite ville. 
    Un belle maison achetée dès qu'ils ont décidé de venir dans le Midi. 
    Ils étaient tous deux  ce que l'on peut appeler des Cadres Supérieurs. Ils ont des revenus confortables et passent pour riches... 
    La vie serait belle si leur fille divorcée, Maryse, ne leur posait pas de sérieux problèmes. Pas elle, précisément mais  son fils de 17 ans, Jean-Pierre,  leur petit-fils. 
    La mère avoue candidement qu'elle ne peut " rien en faire". 
    Maryse et Jean-Pierre, qui se fait appeler volontiers John ou même Jack, vivent au chef-lieu du département à une cinquantaine de kilomètres de la résidence des grands-parents.
    Le jeune homme a déjà eu pas mal d'ennuis avec la police et la justice... vol de voiture, accidents multiples, bagarres, consommation et tentative de revente de marijuana...
    Le grand-père qui a gardé de nombreux contacts dans tous les milieux est intervenu chaque fois.
    Les grands-parents sont désespérés. Par la conduite de leur petit-fils, bien sûr, mais aussi et surtout par la solitude, la détresse morale de leur fille. Ils pensent en réalité "sa faiblesse". Ils se font d'amers  reproches, leur profession ne leur laissait guère le temps de s'occuper sérieusement de son éducation... Une fille gâtée qui n'a jamais acquis le sens des responsabilités.
    Ils ne voient Jean-Pierre que très rarement et quand il vient, c'est surtout pour quémander quelque argent. Ils cèdent le plus souvent mais pour le jeune homme ce qu'ils donnent semble très toujours insuffisant. Ils ne recoivent jamais le moindre remerciement.
    A la fin de l'année, avant les fêtes ils savent qu'ils auront sa visite. Ses besoins sont grands en ce moment de l'année. 
    Il vient en effet à la tombée de la nuit. Il n'est pas seul. Une jeune fille l'accompagne. Une jeune fille d'un genre que les grands parents n'apprécient guère, maquillage outrancier, arborant de nombreux "piercings", débraillée, parlant haut et fort, fumant beaucoup. 
    Les jeunes gens sont  arrivés dans sa voiture. Ils paraissent tout deux très excités,   gênant  le voisinage en klaxonnant, en poussant à fond le son de la chaîne installée à bord du véhicule, portes ouvertes. Ils hurlent et se chamaillent violemment. Ce bruit va durer une bonne partie de la soirée. 
    Au matin, la voiture  a disparu. Le calme est revenu près de la grande maison.
    Le calme, trop de calme... pendant trois jours la maison reste silencieuse et fermée. Quelques voisins commencent à s'inquiéter. Les propriétaires sont-ils partis avec Jean-Pierre chez leur fille ? ce serait fort surprenant car ils n'en ont parlé à personne et ce n'est pas dans leurs habitudes. 
    Les relations les plus proches sont au courant de la situation familiale.
    Quelqu'un se décide enfin à prévenir le maire et la gendarmerie. La porte forcée, le spectacle que l'on découvre dépasse l'imagination... Tout est dévasté, détruit,
    Tous les meubles et le modeste coffre sont fracturés. Dans le sous-sol les pompiers découvrent les grands-parents visiblement torturés à mort. Et cette mort n'est pas venue rapidement dira le médecin légiste...
    Jean-Pierre et sa complice ne vont pas tarder à être localisés puisqu'ils ont utilisé bêtement une des cartes bancaires dérobées. Arrêtés, ils avouent sans difficulté et sans manifester le moindre remords. Ils sont encore sous l'emprise d'une drogue quelconque.
    L'affaire fait grand bruit dans la région

    Maryse ne veut pas  habiter la maison où ses parents sont morts d'aussi terrible manière et la met en vente.
    Contrairement à toute attente, cette vente se fait rapidement.
     

    II

     

    Un jeune couple avec un enfant en bas âge s'installe bientôt. Ils sont sympathiques mais personne n'ose vraiment poser la question qui intrigue... On  s'interroge... Sont-ils au courant de la tragique histoire de la maison dans laquelle ils vivent ? Certains en ont un frisson d'horreur. "A leur place, moi..."
    On suppose qu'ils la connaissent, très certainement... les médias, la presse, il est vrai que ces gens-là viennent de loin, l'agent immobilier, le notaire... Les nouveaux venus doivent avoir fait une bonne affaire financière... un belle maison non pas vraiment bradée mais offerte à un prix fort raisonnable pour la région.
    Ils ont l'air de s'adapter parfaitement à leur nouvel environnement...
    Les mois passent, ils s'arrêtent moins souvent pour parler aux voisins. Puis plus du tout. Leurs promenades les conduisent plus loin, hors du quartier, hors de la ville. Puis un jour un camion de déménagement arrive. Un panneau annonçant la mise en vente  est accroché aux grilles.
    La maison va rester fermée plus d'un an.
    Bien des rumeurs circulent et l'on entend même parfois vaguement parler de maison hantée... 
    Il y en a, paraît-il, pas mal dans le coin et ce sont toujours des maisons que l'on rattache à des affaires plus ou moins anciennes de crimes atroces.
     
    III
     
    De nouveaux arrivants viennent enfin habiter la grande maison...
     


    Il s'agit d'un couple accompagné d'une adolescente, une fort jolie fille de 16 ou 17 ans.
    L'homme doit avoir dépassé la soixantaine, la femme paraît quelques années de moins. Elle est très belle et élégamment vêtue...


    Ils allèrent bientôt se présenter chez les voisins les plus proches.
    La jeune fille était leur nièce, orpheline, qu'ils avaient recueillie.
    On constata que la gosse avait un regard un peu bizarre, des yeux vides dirent certains... Son attitude était très réservée, la tête souvent baissée. Elle parlait peu,  avec un léger bégaiement.
    Le couple expliqua qu'elle suivait un traitement à la ville voisine en tant que pensionnaire dans un établissement spécialisé, pour remédier,à ce défaut ainsi qu'à ses "difficultés de compréhension et d'expression"... Bien sûr   chacun traduisit ces euphémismes par une expression bien connue... La petite était un peu "simple d'esprit". Quelques personnes remarquèrent pourtant que la jeune fille avait rougi en entendant parler ainsi d'elle-même.
    Il fut précisé que les voisins ne la verraient pas souvent.
    En effet on ne l'aperçut plus pendant plusieurs  semaines.
    Un manège intrigua rapidement tout le monde. A la tombée de la nuit, de belles voitures s'arrêtaient, une ou deux fois par semaine, devant la villa. Il en sortait le plus souvent un homme mais parfois deux ou trois "à l'air important" et qui restaient fort tard dans la maison.
    Parfois, pendant le week-end, on y organisait de petites fêtes.  On voyait arriver quelques hommes mais, nouveauté, des femmes aussi. C'est à cette occasion que l'on pouvait brièvement apercevoir la nièce. 
    Elle semblait avoir grandi, mûri. Elle était très maigre. Elle gardait toujours la tête baissée.
    La curiosité des voisins étaient sérieusement mise à l'épreuve mais comme tout restait parfaitement calme, personne ne s'inquiétait vraiment.
    De bons voisins, en définitive...
    Il y avait quelques rares visites dans la journée.
    C'est lors d'une de ces visites en plein jour que le drame éclata.
    Un homme  élégant avait été accueilli. 
    Quelques minutes seulement après son entrée on le vit ressortir précipitamment, l'air affolé et appelant au secours. Le couple essayait vainement de le retenir et de le faire taire. 
    L'homme courut chez le voisin le plus proche et demanda à téléphoner à la gendarmerie et recommanda à son correspondant  de ramener un médecin.
    Les voitures  de la gendarmerie arrivèrent très vite, suivies par une ambulance.
    La foule des badauds alertés assista à des scènes surprenantes... Un corps transporté sur une civière et placé dans l'ambulance qui démarra sans que la sirène soit déclenchée... le couple et leur visiteur embarqués sans trop de ménagement dans une voiture qui fila immédiatement.
    On apprit bientôt ce qu'il venait de se passer. 
    Dans un pièce du sous-sol, coquettement aménagée en chambre confortable, sans fenêtre, on avait découvert, allongé sur le lit et couvert de sang, le corps sans vie de la jeune fille. Elle s'était ouvert les veines. 
    Son corps portait de nombreuses traces de  graves sévices. Dans la pièce on trouva de lourdes chaînes, et bon nombre d'instruments de torture...  Le légiste se rendit compte que la petite était enceinte.
    L'enquête révéla l'existence d'un véritable réseau de prostitution dans les villes environnantes. Le tout organisé sur un modèle semblable à celui que l'on venait de découvrir. La compagne du propriétaire de la villa payait même de sa personne en cas de nécessité.

     

    IV
     
    Malédiction ?

    Un jeune a naguère souillé la maison,
    des adultes y sont morts. 
    Des adultes y ont provoqué la mort,
    un être jeune vient d'y mourir.
     
    La maison s'est vengée.
     

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