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    crechnoel

     


    Il ne s'agit pas de cette boîte en carton qu'avec un peu de peinture, du papier argenté, de la mousse collée, un ami de mes parents, juif, résistant, transforma, peu de temps avant d'étre  pris et abattu par l'occupant, en symbolique  abri miniature pour les santons représentant d'autres juifs pourchassés il y a deux mille ans... 
    Cette crèche-là  est restée très longtemps dans la famille, vénérée comme une relique. Son installation, dans un coin de la cuisine,  à grand renfort de guirlandes, de farine et de boules de coton, quelques jours avant Noël était une véritable cérémonie et un plaisir pour nous, les enfants...

     

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    Non, la "crèche" dont je veux vous parler est tout simplement la misérable masure dans laquelle j'ai passé une partie de ma jeunesse... dans une rue sans intérêt du centre d'une petite ville.
    Il n'y avait même pas l'âtre dans la vieille maison. A sa place, une cuisinière en fonte pour la cuisson de la nourriture et en principe pour le chauffage de la maison...
    Cette maison !
    En sous-sol, une cave voûtée, très belle, mais dont la  trappe ouvrait dans la cuisine. Elle servait de cave à vin et de réserve, l'été, pour certains aliments périssables. On y stockait les boulets de  charbon et un peu de bois
    La cuisine, la pièce à vivre...
    Cette pièce !
    Dans l'angle, l'évier au dessus la trappe, surmonté d'ume petite fenêtre,
    Puis la porte vitrée aux grands volets de bois.
    Dans l'angle opposé, une autre petite fenêtre avec un rebord intérieur où l'on posait la cage aux oiseaux,  une pauvre tourterelle y résida plusieurs années consécutives, ou aux autres animaux que ma fantaisie avait décidé d'élever, cobayes, souris blanches... le bocal aux tritons, les planches de mon herbier qui ne furent jamais classées...
    A la suite un grand buffet bas et une armoire-penderie, une petite table aux usages multiples.
    Au milieu trônait la  longue table familiale.
    Une porte en bois  donnait accès à un étroit couloir (avec un modeste coin-toilettes) qui débouchait sur l'escalier conduisant aux chambres
    Au premier étage, la chambre des parents... qui hébergeait aussi, isolé par une légère cloison,  le lit du dernier-né...  qui y restait, faute de place ailleurs...
    Au second étage, la chambre des enfants, de la tante et de la grand-mère, les différents lits séparés par des rideaux et des cloisons de planches...
    Une échelle de meunier permettait d'atteindre le grenier, qui devait être aménagé en chambre supplémantaire... ce qui ne fut jamais fait...
    Huit  personnes vivaient là dedans.
    Aucune possibilité de s'isoler pour lire, J'y parvenais le soir au lit, enfoui sous les draps et les couvertures, à la lueur d'une lampe de poche... Il fallait faire les devoirs très vite sur un coin de la grande table... Heureusement l'école des curés avait instauré l'étude surveillée (payante...) de 17 heures à 19h30
    Heureux, malheureux ?
    Les circontances en décidaient...
    Il y eut de bons moments et des moments de deuil et de désespoir profond.
    Il y avait la convivialité de la vie de la rue...
    C'est la maison de mon enfance mais je n'ai jamais éprouvé pour elle le moindre sentiment réel.
    Lorsque mes frères décidèrent de la vendre, j'acceptai très vite et je n'eus aucun remords.
    Aujourd'hui seulement j'y pense avec un certain attendrissement.
    L'effet de l'âge  ?
    Nous nous sommes coupés d'une région qui présente malgré tout bien des attraits.
    Le vaisseau familial, me semble-t-il souvent, a perdu son port d'attache...


     

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