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    1- Petite aventure informatique

     le chemin de l'enfer est pavé de bonnes intentions...

     Ce n'est qu'au début des années 80 que Jean-Marc entra en contact avec le monde de l'informatique, premiers contacts très modestes puisqu'il ne s'agissait que de micro-informatique appliquée à l'enseignement.
      Jean-Marc était depuis longtemps déjà professeur de Lettres dans un C.E.T. (Collège d'Enseignement Technique), un de ces collèges qui deviendront  L.E.P. (Lycée d'Enseignement Professionnel) ou, plus tard, L.P. (Lycée Professionnel). Quelle vertigineuse promotion : Changer les appellations, ça ne coûte pas très cher ! Au début de sa carrière, le type d'établissement dans lequel Jean-Marc exerçait s'appelait Centre d'Apprentissage (et tout le monde était fier d'y travailler). Le professeur de Lettres  était en réalité chargé des enseignements du Français, de l'Histoire, de la Géographie, de l'Instruction Civique (oui,oui...), de la Morale ( !? ) et de la Légistation du Travail... Rien que ça...
      Avant même le lancement officiel du mitterando-fabusien Plan Informatique pour Tous, (célèbre dans les annales de l'éducation scientifique  franchouillarde et particulièrement douloureux pour les contribuables), le gouvernement  mit en place une opération qui devait équiper de micro-ordinateurs les établissements scolaires d'une quinzaine de départements "économiquement défavorisés". Le département de Jean-Marc en faisait partie. Chaque C.E.T. devait envoyer en  formation un prof de Lettres, un prof de Maths-Sciences et un prof d'atelier. Le collègue de Jean-Marc, partant à la retraite à la fin de l'année, notre ami fut donc désigné pour participer aux différents stages...
      Les appareils fournis étaient de tristes "bécanes", des TO7 fabriqués par Thomson. Pour alimenter la polémique, il faut savoir que l'Education Nationale aurait pu recevoir à cette époque des ordinateurs de chez Apple, infiniment plus performants, la société américaine s'engageant, en outre, à les fabriquer en France. Les politiciens  à courte vue en décidèrent autrement et la France accumula dans ce domaine un retard considérable...
      Mais Jean-Marc et ses camarades étaient encore bien loin  de voir toutes les facettes du monde dans lequels ils pénétraient par la petite porte...
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     2- Contacts

      Quand les candidats désignés furent acceptés par l'Inspection Académique, des périodes de formation d'une semaine se mirent en place et se déroulèrent à un rythme assez rapide. L'Ecole Normale d'Instituteurs du chef-lieu accueillait chaque fois un vingtaine de stagiaires. Les formateurs (d'autres professeurs volontaires, parfois autodidactes dans cette discipline) eurent fort à faire... notions et manipulations de base, apprentissage du clavier... Les progrès étaient lents.
      Mais le premier bienfait de ces périodes de regoupement apparut  vite à l'ensemble des participants : pour la première fois des enseignants de toutes les catégories (instituteurs, profs de collège, d'établissements techniques et professionnels, certifiés, agrégés) se retrouvaient autour d'un projet commun... Et tout se passait bien. Ils apprenaient à se connaître.
      Jean-Marc se sentait à l'aise. Il appréciait beaucoup ces nouvelles relations...  En ce qui concerne l'aspect technique, l'informatique proprement dite, il rencontra quelques difficultés... Grâce au talent pédagogique des formateurs, de l'un d'eux  surtout, Jean-Lou, qui deviendra par la suite un ami, il ne se découragea pas...

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    3- Balbutiements

      Les stagiaires abordèrent bientôt la notion de langage informatique. Binaire, octal, hexadécimal, du langage-machine aux langages évolués en passant par l"assembleur  (du micro-processeur 6809 de Motorola)...  On parla de circuits intégrés,  de fonctions logiques, de tables de vérité, de code ASCII... ça faisait beaucoup... Jean-Marc en eut souvent des migraines mais il tint bon.
     Très rapidement le BASIC devint le fondement de l'apprentissage. Beaucoup, dans l'Education Nationale lui préféraient un langage "français", le LSE (Langage Symbolique d'Enseignement créé à Sup-Elec), puissant mais qui ne réussit guère à s'imposer en dehors du milieu scolaire.
     Les commandes, les instructions, des exercices simples, les premiers programmes... Les formateurs présentèrent ensuite une autre forme de programmation, très différente, qui dérouta tout le monde : le LOGO de Seymour Papert, la manipulation de la "tortue". Un ensemble très "pédagogique", proche des théories de Piaget. Quelques-uns, des instituteurs principalement, furent intéressés mais la plupart n'y vit qu'une amusette (certains devaient modifier leur jugement par la suite). Quand on arriva à des notions plus complexes, survinrent les premiers abandons... La gestion des fichiers de données (séquentiels et surtout à accès direct), accéléra la débandade... Ne restèrent que les "mordus".
     Mais personne, même parmi ces derniers, ne voyaient  trop comment tout ce qu'on venait d'apprendre pourrait un jour être utilisé en classe...
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    4- Nuages

     Les stages s'espacèrent et à la fin de l'année scolaire nul ne savait ce qui allait advenir de tant de projets...
     Faute de personnel formé, les fameux TO7 commençaient à s'entasser dans les armoires des écoles primaires. Dans les collèges on s'interrogeait sur l'endroit où on allait installer les appareils : les réunir tous dans une salle réservée ou en placer quelques-uns dans certaines classes... Mais les professeurs volontaires n'étaient pas assez nombreux.
     En juillet, pendant les vacances, quelques stagiaires participèrent à une "Université d'été", à l'Ecole Normale, au cours de laquelle ils rencontèrent des Assistants et des professeurs de la Faculté de Sciences. L'ambiance fut très bonne et les "passionnés" en retirèrent beaucoup de satisfactions... Mais après cette période, l'euphorie fit de nouveau place à l'inquiétude devant  un avenir très incertain. Personne, même chez les gens proches du Rectorat d'Académie,  ne pouvait  envisager de futures actions.
     Jean-Marc, mordu parmi les mordus, avait beaucoup investi, en temps et en argent (il venait d'acheter un TO7) et il se voyait mal retombant dans la routine après avoir entrevu  les possibilités de cette nouvelle technologie.
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    5- Redirection

      Au cours des deux années scolaires suivantes bien des changements intervinrent. L'Education Nationale, devant les  faibles capacités des premières machines, s'intéressa aux réseaux et équipa certains établissements du "Nano-Réseau". Il s'agissait d'une dizaine de micro-ordinateurs reliés à un ordinateur plus puissant et pouvant en utiliser les ressources. Les postes de travail individuels étaient des MO5 (toujours de Thomson, des TO7 à peine améliorés, ayant un clavier plus "confortable"), les têtes de réseau, les serveurs :  des appareils de type PC (Léanord ou Bull-Micral).
      Des stages ouverts à tous les enseignants furent organisés pendant les vacances (Pâques et été). Le nombre de candidatures étant décevant, le ministère eut l'idée de rémunérer les stagiaires... Les formateurs (dont Jean-Marc) reçurent une somme plus importante et fort convenable... Le nano-réseau avait de graves limites : il n'était pas facile de connecter les périphériques (en particulier les imprimantes Mannesman) mais son avantage essentiel était de permettre l'enregistrement du travail de chaque élève dans le disque dur du serveur... progrès considérable par rapport à l'utilisation très aléatoire de l'improbable magnétophone à cassette des TO7...
      Jean-Marc et quelques autres se lancèrent dans une action fort intéressante. Beaucoup d'instituteurs n'avaient pas reçu de véritable formation, ils se sentaient isolés, "largués". Soumis à l'impatience des élèves et à la pression des parents, ils ne savaient que faire... Prenant sur leur temps libre, les volontaires (bénévoles...) partirent à la conquête des campagnes et firent profiter les enfants des écoles (et leurs maîtres enchantés) de leur beau savoir tout neuf... Ce fut une expérience enrichissante mais épuisante...
      Le contact avec le nano-réseau permit à beaucoup de néo-formateurs de découvrir les PC, quelque chose de bien plus puissant, de pénétrer dans un domaine proche du monde professionnel...
      Ils entamèrent un nouvel apprentissage, le plus souvent à titre personnel.
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    6-
    Accomplissement 1

     Les PC firent petit à petit la conquête des établissements scolaires, lycées et collèges surtout. Les stages à l'Ecole Normale ne furent plus organisés (d'ailleurs les Ecoles Normales elles-mêmes devaient bientôt disparaître remplacées (mal, surtout au début) par les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres). Les passionnés, ceux des Universités d'été et quelques autres, en tout une bonne vingtaine, avaient gardé des relations avec les enseignants et le personnel administratif de la fac de sciences. Ils furent convoqués, ou plutôt invités, par groupes de 3 ou 4 à des périodes de formation de un ou deux jours dans les locaux de cette même faculté. Il faut reconnaître que l' Académie accorda assez  facilement les autorisations nécessaires...
     On leur présenta des langages déjà anciens mais puissants, spécialisés dans les calculs scientifiques et dans les programmes de gestion : le FORTRAN et le COBOL. Ils entrèrent en contact avec le système UNIX, très différent du MSDOS... Certains, dont Jean-Marc et deux ou trois collègues, devaient affronter de sérieuses difficultés mais les autres les aidèrent très efficacement surtout quand il fut question du fonctionnement des  tout nouveaux microprocesseurs (le 68000 de MOTOROLA et le 80386 d'INTEL).
     L'essentiel de travail se fit sur place, au niveau du département. Il existait un Association Nationale d'Enseignants utilisant l'informatique dans leurs classes (elle existe toujours et publie, comme alors, un bulletin très riche). Le groupe se structura et, sous la direction de Jean-Lou, adhéra à l'association. Il organisa des "ateliers" : deux fois par semaine, le soir (et souvent jusqu'à tard dans la nuit), les volontaires se réunissaient et travaillaient sur un sujet choisi précédemment et que l'un d'eux s'était chargé d'approfondir.
     Le chantier était énorme, d'autant plus que Jean-Lou, prof de physique et électronicien, incita le groupe à aller plus loin et à pénétrer concrètement à l'intérieur de la machine...
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    7- Accomplissement 2

     Le groupe se lanca à  la découverte des cartes (mères, graphiques, sons), des slots, des nappes, de la mémoire, des lecteurs de disquettes, des disques durs... Ensuite il aborda l'étude des différents composants électroniques et passa aux "travaux pratiques" , réalisations de montages, de circuits... Jean-Marc se rendit compte que cette fois-ci, il n'était pas vraiment  à la hauteur. La théorie, ça passait encore à peu près mais la mise en oeuvre,  les codes de couleurs, les calculs et surtout la manipulation du fer à souder, tout cela ne l'inspirait guère... Sa seule "réussite" dans ce domaine fut la participation à la rédaction d'un guide pour l'utilisation d'une "valise pédagogique" dans les écoles primaires, montrant les expériences réalisables avec des composants simples (contenus dans la valise). Jean-Lou était l'initiateur du projet et le metteur en scène de ces expériences.  Dans les ateliers, en alternance avec l'électronique, le groupe étudiait des logiciels, traitement de texte (Framework), gestionnaire de base de données (dBaseII) et des langages, le Pascal essentiellement, l'assembleur 8086... Certains s'aventurèrent vers le C, Prolog et même le Forth. Jean-Marc eut la curiosité d'aller voir Ada...
     Jusque là, le travail se faisait sous MSDOS, ligne de commandes et clavier... Quand Windows apparut, puis s'imposa avec la version 3.1, ce fut un nouveau bouleversement. Nécessité d'utiliser la souris (d'abord méprisée), vision différente, conception déroutante, quasi-abandon, dans un premier temps, de la programmation... mais nécessité faisant loi, il fallut bien s'y mettre. Jean-Lou, très professionnel et Jean-Marc, plus brouillon et moins sûr de lui, devinrent formateurs sur cette nouvelle interface et intervinrent souvent dans les locaux de la fac de sciences. L'équipe fonctionnait, le contact avec les stagiaires était bon, le travail s'accomplissait dans la bonne humeur. Lorsque le temps avait manqué pour préparer le stage, Jean-Lou avait coutume de dire "nous avons à peine à une page d'avance sur les stagiaires" mais, en général, tout se passait très bien.
     Ce fut une période exaltante...
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    8- Vers la sortie

     Réintégrés dans les établissements scolaires, les formateurs les plus anciens  du Plan Informatique pour Tous (dont Jean-Marc) devinrent des "hommes-ressource", chargés de coordonner les activités en informatique, de gérer les réseaux, d'acquérir les logiciels, d'en faciliter l'utilisation par les professeurs, d'intervenir éventuellement dans d'autres établissements. Dans son lycée professionnel Jean-Marc fut obligé de s'intéresser aux machines  à commandes numériques (tours et fraiseuses). La programmation "par blocs" était assez simple et permettait de guider automatiquement les différentes phases d'usinage des pièces. Les professeurs d'atelier, au début plutôt réticents, eurent besoin de beaucoup d'aide. Mais, en véritables professionnels, ils dépassèrent vite leur initiateur...
     Jean-Marc écrivit quelques petits programmes... l'un d'eux consistait en une série d'exercices interactifs permettant de faire correctement les accords de participes passés. Il vendit ce  logiciel qui fut utilisé quelque temps dans les ateliers pédagogiques et la formation continue... il lui rapporta peu d'argent. Il fut beaucoup plus satisfait (satisfaction toute morale) de l'outil de gestion de stock (en dBase compilé) qu'il réalisa pour le chef des travaux et le magasinier du lycée. Ils l'utilisèrent longtemps... jusqu'à l'attribution par l'Education Nationale de logiciels standardisés.
     Fini le bricolage... Le plan Informatique pour tous avait vécu. La vie dispersa les groupes...
     Jean-Lou, de son côté, persévéra dans ses activités électroniques, créa, programma de nombreux appareils commandés par ordinateur qui furent distribués au niveau national. Il quitta l'enseignement secondaire, accéda à l'Enseignement Supérieur, soutint brillamment une thèse de doctorat en Didactique de la Physique et devint Maître de Conférence.
     Après plus de trente ans de professorat, Jean-Marc se rendit compte que, si l'informatique lui avait permis de sortir des sentiers battus, il n'avait plus, dans l'enseignement des disciplines littéraires, ni le goût, ni l'envie de continuer... Il n'avait, croyait-il, rien de nouveau à apporter aux élèves. Il devait trouver autre chose, changer, lui aussi, d'orientation... Il présenta sa candidature au concours de Personnel de Direction. Il fut admis assez facilement, grâce, en  partie, à l'épreuve d'informatique. Sa reconnaissance envers Jean-Lou en fut d'autant plus grande... Quand il fut nommé à la direction d'un collège (activité qu'il trouva passionnante), ses connaissances  le servirent encore et lui permirent de jouer un rôle assez important car l'informatisation dans la gestion de l'Education Nationale se développa très rapidement à tous les niveaux : saisie des notes par les enseignants, rédaction des bulletins, confection des emplois du temps, amélioration du fonctionnement des Centes de Documentation et d'Information, communication avec l'Administration, les organisations partenaires, les collectivités...
    Puis la Programmation Orientée Objet. Et enfin Internet...
    Mais c'est une autre histoire... 

     
     
    01  Aventure politique... et professionnelle  -  Prélude 1

     Un ami écrivit un jour (il y a longtemps…)  un article  dans une petite feuille politique, article qui fit un certain bruit dans Landerneau… Je ne résiste pas au plaisir d'en publier, avec son accord, quelques extraits…
     Il y a, dans ce texte, une certaine naïveté, un militantisme un peu dépassé…
     Qu’est-ce que « la véritable démocratie » ?
     Nous savons aujourd'hui que le suffrage universel a failli, que ce n'est qu'un leurre…que le  rassemblement des gens simples est toujours à venir…
     Il nous reste la force des mots.
     En attendant mieux...
     "Vive Dreux
    J'allais écrire Vive l'Extrême - Droite… Titre provocateur, ô combien ! Editorial qui me vaudra une volée de bois vert... Mais je rédige «à chaud» et de toute façon, je n'en ai cure.
    Nous n'avons que faire des injures et des jérémiades des tenants de cette gauche battue aujourd'hui …
    A tous ces névrosés faut l'électrochoc.
    La prétendue victoire de l’extrême - droite est simplement l'éclatante mise en évidence de la force des gens simples qui veulent vivre tranquilles, chez eux ; force irrésistible quand ils savent se rassembler.
    Messieurs du chemin du goulag…
    Le spectacle  affligeant de vos amis devant la mairie de Dreux, leur dépit rageur et délirant, le folklore bêtifiant des manifs de gauche… tout cela montre clairement votre haine  du suffrage universel quand son verdict ne correspond pas à vos vœux, votre refus d’une véritable démocratie.
    Je ne sais quel jospin a demandé aux dirigeants de la droite de désavouer 1'aIliance de Dreux. Mais le PS renonce-t-il  à son accord avec le parti des staliniens mal repentis,  des amis de ceux qui ont massacré à Katyn, à Berlin, à Budapest, à Prague…De ceux qui ont fait tirer sur le Pape... De ceux qui font abattre les avions civils… De ceux qui  tuent aujourd'hui à Kaboul et dans le Chouf …De ceux qui emprisonnent un tiers de l’humanité et empoisonnent le reste ?
    Le véritable danger pour la France ne vient pas des 17% du Front National à Dreux mais du fait que 14 % des Français votent encore pour le PC et que quelques centaines de milliers de travailleurs croient utile de financer la CGT…La gauche, ça dégringole...
    Que la revanche est douce en ce soir de dimanche ! "
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    02 - Prélude 2 

    Petite aventure journalistique

         L'ami qui rédigea l'éditorial "Vive Dreux" tint pendant quelque temps, dans le même mensuel local, une rubrique  intitulée "Nouvelles chroniques martiennes",  en hommage au grand Ray Bradbury.
         Ayant été traité de renégat par d'anciens amis de gauche, il signait ses articles par une
    contrepèterie approximative : René Legars... qui devint un nom collectif puisque d'autres collaborateurs l'utilisèrent pour faire paraître leurs propres notes... Tous brocardant le mitterrandesque pouvoir (alors, en 1983, rayonnant de toute sa splendeur) et ses avatars du cru.
        Des souvenirs et des extraits d'exemplaires sauvegardés donneront ici, palliant parfois le manque d'inspiration, une idée de cette prose vengeresse...et assez vaine. Le triste sire règnera encore pendant 12 ans...    
    On ne chantera jamais assez les bienfaits du suffrage universel...
    Voici donc quelques exemples :
     "Nouvelles chroniques martiennes
        Nos Martiens(*) s'agitant toujours davantage, il devient urgent que leurs victimes présentes et futures (tous les Français), s'unissent pour se défendre. Nous proposons donc la création de l'A.DE.VI.SOC.(Association de Défense des Victimes des Socialo-Cocos). Les cotisations à cette association permettraient d'apporter un soutien moral et financier à tous ceux qui ont à souffrir dans leur personne ou leurs biens de l'inquisition et de la prétendue justice rougeâtres. La loi interdit de contracter une assurance afin de payer les amendes. Rien n' empêche d'accorder aux victimes des dommages et intérêts proportionnels aux torts causés par les saboteurs..."
    *  (les Martiens, bien sûr, ce sont les représentants de cette gauche alors encore un peu ahurie -
    surtout en province - par son arrivée au pouvoir)
    ... Pour  un Grand Quotidien d'un certain Midi(1), le 1er avril dure toute l'année. Jugez-en : gros titre en ce 11 septembre (rebelote le 12) « Le défi : la commune de P... quitte la Communauté Economique Européenne». Le 13 et le 14, la télé s'en mêle... C'est la gloire ! Articles et émissions nous apprennent que le maire communiste J. P., dont le vaste béret cache une intelligence subtile, dont le sourire fait des ravages, que ce splendide magistrat a décidé de rompre avec le Marché Commun. Rien que ça. Ce bon démocrate à la sauce soviétique a toutefois oublié de consulter ses électeurs. Un "milliardaire rouge"(2), l'intelligence, lui, il la place dans le ventre et le portefeuille, apporte le soutien de la finance  russe. Les deux compères vont décider de l'adhésion de la commune de P... au CO.ME.COM. (Marché Commun des pays de l'Est) et au Pacte de Varsovie. Les démarches pour entrer dans ce pacte militaire seront facilitées à M. P. par le fait qu'il a déjà montré patte blanche (si l'on peut dire...) en interdisant le territoire de sa commune à l'armée française(3). Nous apprenons par ailleurs, qu'en liaison étroite avec le KGB, le PC départemental cherche un grand terrain facile à clôturer pour installer un Goulag. Faire offres à la Fédération du dit parti
    1-inutile de le nommer aujourd'hui
    2-personnage truculent célèbre à l'époque dans l'import-export vers le bloc soviétique et en politique
    stalino-cassoulet
    3-le maire et les gauchos du coin avaient empêché l'acquisition d'un grand terrain par l'armée... un
    Larzac du pauvre...
     
    Le Comité Central du P.C.( F.) a décidé de lancer une grande campagne contre la faim dans le monde et en faveur des pays du Tiers-Monde (anciennement sous-développés ou en voie de développement). Le Secrétaire Général, le génial Jojo* a décidé de prendre les choses en main, et, naturellement, il a eu une idée... géniale... "Pour lutter contre la faim, et le manque de protéines, a-t-il déclaré dans une de ces envolées lyriques dont il a le secret, il faut exiger des gouvernements
    réactionnaires-capitalistes-monopolistes-d'Etat la réintroduction  dans les anciennes colonies du
    Cannibalisme, coutume dont les peuples dominés ont été  si injustement privées".
    Le Comité, particulièrement enthousiasmé, a longuement applaudi le Grand Homme et entonné un
    vibrante Internationale  
    * Il s'agit de Georges Marchais, certainement jaloux de la popularité de l'abbé Pierre...

    En aparté, le Leader Superbe a confié, dans son style imagé,  à quelques fidèles médusés, qu'il avait une solution de rechange toute prête au cas où la mise en oeuvre de sa Grand Idée rencontrerait des obstacles insurmontables : "Il y a dans ces pays des animaux particulièrement répugnants et dangereux, je veux parler des serpents. Les écologistes bourgeois ont fait adopter partout des lois qui protègent ces infâmes reptiles. Nous devons combattre leurs idées et faire admettre que ces espèces font désormais partie du gibier populaire."
    Les proches collaborateurs de Son Eminence se demandent encore aujourd'hui pourquoi ce Magnifique Cerveau a proposé les  serpents... On se perd en conjectures, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées : a-t-il pensé à l'injure suprême réservé aux valets du capitalisme et très en vogue dans les procès de Moscou, Prague et d'ailleurs : "Vipère Lubrique " ou est-ce parce qu'il a beaucoup d'expérience... il avale tellement de couleuvres...
    René Legars  

    03 - Aux marches du palais...

     Jean-Marc est né dans une famille modeste du sud de l'Aveyron, famille profondément, sincèrement catholique, très pratiquante et "de droite", une droite apparemment modérée... Rien d'étonnant dans cette région, dans cette petite ville et à cette époque. Le père est un déraciné, un paysan devenu ouvrier agricole puis manoeuvre dans le bâtiment. Les femmes de la famille (mère, grand-mère, tante célibataire) trouvent quelques ressources pour compléter son maigre salaire dans le travail à domicile, le montage et la finition de gants pour les industriels de la sous-préfecture voisine.
      L'essentiel de la scolarité de Jean-Marc se déroulera dans les écoles privées confessionnelles... (comme celle de sa soeur et de ses deux frères, tous plus jeunes) et ses opinions, dès qu'il sera capable d'en avoir, seront tout naturellement celles de son milieu.
      Mais son parcours n'a jamais été ni simple ni rectiligne... sinon il n'y aurait aucune raison d'ouvrir une telle rubrique.
    Nous avons déjà abordé quelques étapes de la vie "politique" de Jean-Marc, dans le désordre et sans fil conducteur.
     Nous essaierons d'y voir plus clair...
     
     
    04 - A petits pas...

      Pendant la première partie de sa scolarité, de l'école  primaire à la 3ème, Jean-Marc ne s'intéressa évidemment pas vraiment à la politique mais il suivait l'actualité à travers les titres de journaux, de revues comme "le Rouergat", "la Croix", "le Pèlerin", les conversations familiales, les sermons de curés assez peu "progressistes" et les leçons de professeurs qui ne l'étaient guère plus... Il n'y avait pas de poste de radio à la maison. Au total, une ambiance farouchement anticommuniste et antisoviétique.
     Grâce à une excellente mémoire il accumula une importante connaissance de faits marquants.
    L'écho de certains d'entre eux, même très lointains, le touchèrent plus que d'autres...  Il y eut la
    disparition  de quelques célébrités :  Leclerc, Cerdan, Pétain... le départ de de Gaulle, personnage
    pour lequel les parents de Jean-Marc éprouvaient une grande admiration. Certains événements
    l'impressionnèrent énormément : explosion de la bombe atomique soviétique, révolution chinoise,
    guerre de Corée, guerre d'Indochine et Dien-Bien-Phu (un cousin de Jean-Marc y était)...
     Mais il y eut aussi d'autres moments forts, même si leur importance était moindre, le crime de Lurs, par exemple et d'autres "affaires" qui entrèrent dans une sorte de folklore local, sinon dans la légende : agressions perpétrées par l'insaisissable "Masque Rouge" près du Larzac, épouvantables
    assassinats de fermiers au "bigos", (énorme outil agricole, sorte de grosse pioche) dans la région
    d'Espalion... Une délicieuse frayeur envahissait Jean-Marc à la lecture d'histoires assez horribles. Il
    lisait beaucoup et n'importe quoi... Il apprécia moins le récit tout en images qu'entreprit de publier un quotidien et relatant l'affreuse boucherie ruthénoise connue sous le nom d'affaire Fualdès (1817-1818) dont on entendait parfois encore la complainte dans les rues...
    Ce n'est qu'à partir de la classe de seconde et des débuts de la guerre d'Algérie que Jean-Marc s'éveilla à la politique...

    05 - Vers autre chose

      Jean-Marc entra en seconde dans un nouvel établissement, le Collège Saint-Gabriel. Le mot collège n'avait pas le sens précis qu'il a aujourd'hui. En l'occurence il s'agissait d'une vénérable institution allant de la 6ème à la terminale et possédant une section du Petit Séminaire. Peu de professeurs civils mais des prêtres d'origines diverses : membres du clergé séculier (certains desservaient d'une paroisse dans les environs) et surtout des Jésuites. 
     Au contact de ces derniers, Jean-Marc se sentit un peu désorienté : habitué au rigorisme intransigeant des  Frères des Ecoles Chrétiennes (les frères  "quatre bras", leur cape ayant deux manches factices, non-prêtres et portant le rabat blanc) il eut du mal a s'adapter au "libéralisme" des représentants de la Compagnie de Jésus.  
     Mais la principale difficulté  vint des élèves du collège eux-mêmes (les séminaristes avaient une place à part dans la communauté, ils vivaient et travaillaient dans un certain  isolement). L'établissement  était  "huppé" comme on disait dans la région, recevant surtout des fils de familles sinon riches du moins très à l'aise. Jean-Marc dut compenser par le travail le handicap de son origine sociale.
     La possibilité pour l'Enseignement Libre d'accueillir des boursiers avait été accordée récemment. Malgré l'argent ainsi donné par l'Etat, il dut se contenter d'être "externe libre", afin d'éviter d'avoir à payer les frais de cantine, d'hébergement et d'études surveillées. Habitant à proximité, cette situation ne gênait pas Jean-Marc, bien au contraire car, ainsi, sa présence au collège était réduite aux heures de cours et il était dispensé (ou il se dispensait lui-même) d'un certain nombre d'offices religieux...et d'activités dites de "plein-air", plus ou moins sportives qu'il n'appréciait guère.

    06 - Encore peu de politique mais des avancées...

      Les deux années scolaires que Jean-Marc passa au Collège St Gabriel furent  calmes dans l'ensemble, il en garda  un bon souvenir (même si leur fin fut plutôt rude...) 
      Il rencontra des jeunes ayant une vie (et une conception de la vie) très différente de la sienne : des fils d’industriels, de gros viticulteurs, de pieds-noirs fortunés (internes pour la plupart). Mais les relations qui le marquèrent le plus furent celles qu’il entretint avec un enseignant, le Père Jean-Marie G., professeur de « Sciences Naturelles », biologie végétale, animale et de géologie. Ce Jésuite avait bien connu Teilhard de Chardin, appartenant au même ordre religieux, et son enseignement  était profondément imprégné de l’esprit d’ouverture qui caractérise cette forte personnalité…
      Le Père Jean-Marie pratiquait une pédagogie très moderne qui n’avait rien de livresque : expériences en labo (nombreuses dissections, coupes végétales, examens au microscope…) complétées et alimentées par la recherche dans la nature. Cet homme, sévère mais compréhensif avait su s’attirer une grande sympathie et un profond respect de la part des élèves.
      Gravement blessé en 1940, amputé d’une jambe (au-dessous du genou), il portait une prothèse articulée qui ne l’empêchait pas d’aller avec sa classe « pêcher » dans les mares ou d’arpenter le Causse. Il avouait parfois, (rarement et en petit comité), peiner, avoir des difficultés au cours de ces escapades mais il ne le montrait jamais. Son rôle dans l’évolution intellectuelle de Jean-Marc fut considérable…
      Tout se passait bien dans l’établissement pour le jeune homme, et il avait de bons rapports avec la plupart de ses professeurs. Mais… il existait dans la bourgade un groupe de pression très important : celui des parents d’élèves du Collège et Jean-Marc était « hors normes » à leurs yeux… En ville, ses amis étaient des gens simples, d’origine modeste, qui fréquentaient l’école laïque… Il n’était pas très assidu à la chapelle (bien qu’il se fît un point d’honneur d’obtenir d’excellentes notes en « Instruction Religieuse », notes parfois meilleures que celles des séminaristes), il détestait le foot, s’amusait de temps à autre au rugby… Ce qui mit le feu aux poudres fut une mésaventure narrée par ailleurs  (
    Enfances 5, "beaucoup de bruit pour peu de chose", rubrique «affabulations»).
      La réputation de Jean-Marc sombra définitivement… et l’administration du collège demanda à ses parents de trouver un autre établissement pour leur fils au mois de septembre suivant.
     Ce fut le lycée (public, bien sûr) de la sous-préfecture et l’internat…
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    07 - Premières brasses en eau peu profonde...
     
     Il accepta difficilement, au début,  les exigences de l'internat... Il admettait mal la privation de liberté, l'éloignement de la famille, des copains... Il n'y avait guère qu'une trentaine de kilomètres mais les déplacements n'étaient pas faciles à l'époque : quelques autobus poussifs, quelques rares trains (qui le laissaient à dix kilomètres de chez lui) et les aléas de l'auto-stop. il n'était pas question de partir si loin le jeudi après-midi et le week-end était court : on avait cours le samedi après-midi et il fallait être de retour à l'internat le dimanche soir... Bon gré, mal gré, il fallut s'adapter, vivre dans une autre ville avec de nouveaux compagnons.
     Il fut bien accueilli par ses camarades de classe et par les autres internes... parce qu'il s'était fait "virer de chez les curés" il jouissait d'un certain  prestige... Les professeurs ne furent pas longtemps dupes de son air conquérant, il le jugèrent vite : le petit matamore n'était qu'un grand timide qui se trouvait, on ne sait trop pourquoi en  terminale "Sciences Expérimentales", alors qu'il ne donnait  satisfaction que dans les disciplines littéraires et en philosophie...
     Le professeur de philosophie, M. D..., était apparemment "engagé" (mais dans quelle voie, personne ne le comprit jamais tout à fait ; il était classé "plutôt à droite") et passionné. Il plut très rapidement à Jean-Marc et réciproquement, le professeur vit en lui quelqu'un d'influençable, une pâte facile à modeler et lui manifesta  une certaine amitié. L'adolescent  se mit à travailler sérieusement dans cette matière, à lire énormément et les résultats furent convenables (appréciation qu'un élève de "Science Ex" pouvait difficilement espérer dépasser en philo...) La timidité de Jean-Marc lui joua encore un mauvais tour : la plupart des autres enseignants le trouvaient arrogant et comme M. D... passait pour un farfelu, leurs bonnes relations firent que le jeune homme ne fut pas vraiment  pris au sérieux... Il eut d'autres satisfactions : la "grande ville" lui offrit des perspectives nouvelles dans d'autres domaines. Bien que faisant partie du lycée de garçons, la classe de terminale scientifique était mixte (à la différence des sections Philo et Maths Elem) et Jean-Marc s'intéressa naturellement à quelques-unes de ses collègues...
     Dans la classe il y avait des élèves fortement attirés par la politique. L'un d'eux, externe et fils d'instituteur, était communiste et déjà solidement installé dans un marxisme  militant.  Robert S..., très gentil bien que "grande gueule", était physiquement impressionnant et pratiquait le rugby. Jean-Marc, et lui, bizarrement, devinrent amis. Si leurs discussions ressemblaient parfois à de violentes disputes, la réconciliation suivait immédiatement,  Jean-Marc se contentant de prendre un malin plaisir à contredire son interlocuteur, un plaisir gratuit car il disait souvent un peu n'importe quoi. Il provoquait, jouait, ou croyait jouer, mais l'autre était solide et ses arguments faisaient mouche...
     Les influences divergentes de M. D... et de Robert, ses lectures, ses réflexions plus ou moins philosophiques, ses tentatives de compréhension des événements nationaux et internationaux de ces années-là, placèrent Jean-Marc dans un situation intellectuelle peu confortable.
     Il devint particulièrement réceptif...   
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    08 - Un peu plus loin...
        
     Les événements "historiques", en effet, furent assez  importants au cours de cette année scolaire 1956-57 pour amener Jean-Marc à s'intéresser de plus près à la politique et ses discussions avec Robert eurent des bases beaucoup plus concrètes...
     La classe entière bientôt entra dans le jeu et les cours de philosophie furent souvent  l'occasion de débats apparemment houleux mais habilement contôlés par M. D..., débats au cours desquels Robert fut souvent isolé (il y avait quelques pieds-noirs qui n'appréciaient guère ses prises de position "anticolonialistes") et Jean-Marc avait parfois envie de voler à son secours. Mais il n'était pas d'accord à cent pour cent avec son ami et surtout, il n'était pas assez sûr de la solidité de ses propres prises de position... Et, de toute façon, l'autre se défendait très bien...
     
     Que se passait-il alors ?

     L'ordre chronologique ici importe peu car, dans le souvenir de Jean-Marc, c'est une simple accumulation de faits particulièrement marquants : révoltes de Pologne, soulèvement Hongois, premières révélations du rapport Kroutchev sur le stalinisme,  Suez... progrès de l'organisation de l'Europe, traités de Rome...
    En France, sous le gouvernement du socialiste Guy Mollet, le problème algérien devenait la préoccupation majeure : bataille d'Alger mais surtout décision d'envoyer les appelés du contingent de l'autre côté de la Méditerranée, participer à ce qui n'était déjà plus simple "pacification" mais qui prenait des allures de véritable guerre... 
      
     
    09 - toujours plus loin le jouet des vents contraires...

    Poussé par la lecture des ouvrages plus ou moins philosophiques que lui prêtait son ami, influencé par la gentillesse des parents de Robert qui le recevaient souvent chez eux, ( la naïveté de leur invité les amusa et les choqua parfois) Jean-Marc évoluait lentement vers une attitude moins agressive face aux idées "de gauche".
      Dans un domaine plus "littéraire" et sentimental il découvrit ou redécouvrit des écrivains, des artistes "engagés" : Yves Montand, Léo Ferré chantant Aragon, Mouloudji chantant Boris Vian... Il y rencontra un certain  romantisme révolutionnaire. L'invasion du rock déboussolait bien des jeunes et contribuait à donner à Jean-Marc l'envie de "s'éclater", de bouger, de faire autre chose de sa vie, de faire quelque chose, de s'affirmer, d'être quelqu'un...
      Mais plus que tout, ce fut l'annonce de l'envoi du contingent en Algérie qui l'aida à se décider...
      C'était aussi la grande époque du Poujadisme conquérant et le sud Aveyron était au centre de ce combat. Un adjoint direct de Pierre Poujade était artisan à S... et Jean-Marc entretenait avec lui de très bonnes relations. Le mouvement poujadiste était au premier rang de la lutte pour "l'Algérie Française". Jean-Marc croyait sincèrement à la nécessité du maintien de ces départements dans la nation... Il admirait le geste des quelques députés  (dont Jean-Marie Le Pen, plus jeune député de France) qui avaient demandé à être incorporés et avaient rejoint l'armée.
      Il était tiraillé entre deux tendances plutôt opposées, prêt à "perdre les pédales".
      "L'appel sous les drapeaux" des ses copains salariés et leur transfert rapide en Algérie le bouleversa. Il savait bien qu'il bénéficierait d'un sursis d'incorporation pour études mais la simple perspective d'être,  à plus ou moins brève échéance,  lui aussi envoyé en Afrique du Nord ne l'enchantait guère,,,  Mais à ce motif égoïste et un peu lâche s'ajoutaient des arguments plus réfléchis. Les parents voyant leurs fils partir au loin pour un "combat douteux" (douteux, puisqu'on leur en cachait l'intérêt vital) n'auraient plus qu'un désir : qu'on en finisse au plus vite, par n'importe quel moyen, y compris l'abandon. Jean-Marc était convaincu que la décision gouvernementale était la condamnation de l'Algérie Française. On avait trouvé le moyen de bloquer l'action de l'armée de métier et des Territoriaux et de rendre le conflit impopulaire...
      Tiraillé, indécis, et inquiet, malgré son succès au baccalauréat, Jean-Marc le resta jusqu'à la rentrée universitaire. Il crut alors avoir trouvé une solution,ce ne fut qu'un regrettable malentendu... 
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    010 - manoeuvres incertaines

       Ce ne fut pas qu'un simple malentendu... Jean-Marc fit preuve d'une légèreté voisine de  la confusion mentale, c'est du moins ce qu'il se reproche encore aujourd'hui. Une véritable aberration, une double aberration...
       Parce qu'il avait passé avec succès (un succès bien modeste) les épreuves du Baccalauréat de la série "Sciences Expérimentales", il se crut obligé, en toute logique, d'aller en Faculté des Sciences (de Toulouse) et, plus précisément, de s'inscrire à la préparation  du certificat de première année désigné par le sigle S.P.C.N., c'est-à-dire Physique, Chimie et Sciences Naturelles (biologie végétale, animale et géologie). Ce qu'il fit sans se douter de l'énorme quantité de travail qui l'attendait... et en oubliant joyeusement les difficultés qu'il avait rencontrées dans ces disciplines pendant l'année scolaire précédente. Il se disait qu'avec un peu de chance, et en comptant beaucoup sur son excellente mémoire...   
       Mal renseigné, encore un peu influencé par les "leçons" de son ami Robert S., (qui était allé en fac à Montpellier) et toujours en proie aux démons de la provocation, Jean-Marc considéra que les étudiants communistes étaient les seuls étudiants organisés à s'opposer à l'envoi du contingent en Algérie, il les rejoignit...
       Deux décisions, deux erreurs, il s'en rendit compte assez vite mais, en ce qui concerne la politique, il ne l'admit vraiment que bien plus tard, des années plus tard...
    suite : affabulations 3,  déboires estudiantins
      
     


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