• Vous avez dit Poésie...

     

     


    Vous avez dit "poésie" ?

     

      J'ai promis de revenir à mes premières amours, le rêve, la poésie. Depuis le début de mes activités sur ce site, je le souhaite vraiment... Mais il y a toujours une actualité qui me dirige vers des chemins de traverse et je m'y perds...
      Je ne prétends pas écrire des poèmes, ce n'est pas à moi de qualifier mes écrits... J'estime avoir le droit de dire ce que je pense du travail d'écriture... Je ne veux surtout pas donner de leçon. C'est  une sorte de mise à jour, de mise au point. Ce sont des réflexions à usage personnel...  je ne sais si elles peuvent  présenter un intérêt pour les autres...
      Quelqu'un a déjà pris, il y a fort longtemps, le titre "Art poétique". On  trouve chez cet auteur  du temps de Louis XIV, Nicolas Boileau, des idées fortes, des sentences qui sont devenues paroles d'évangile, et des conseils...


    "Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
    Et les mots pour le dire arrivent aisément
    ...
    Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
    Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
    Ajoutez quelquefois, et souvent effacez."

     

    C'est magnifiquement dit mais... la poésie ?

     

     Les définitions trouvées dans les encyclopédies ou les dictionnaires  récents ne me paraissent guère satisfaisantes.
     Beaucoup s'appuient essentiellement sur la notion d'écriture en vers.


     Deux ouvrages vont au-delà et parlent d'alliance entre "la musique des mots et leur sens", d'évocation des "sensations",des "émotions par un emploi particulier de la langue, l'union intense des sons, des rythmes, des harmonies, des images..."

     

      La musique des mots ?

     

    "La fille de Minos et de Pasiphaé"

     

     Ce vers de Racine dans "Phèdre" passe pour un des plus beaux alexandrins de la littérature française. La musique est certes splendide, mais est-elle autre chose ?

     

     

    Est-ce la "musique de l'âme" dont parle un Voltaire pourtant si peu poète ?

     

     

    "Certains se font de la poésie une idée si vague qu'ils prennent ce vague pour l'idée même de la poésie" (Paul Valéry)

     

     

     Cette Poésie qui n'est pas encore au rendez-vous...

     (Je viens de relire ces quelques lignes et j'ai l'impression de rajeunir : ça ressemble beaucoup (trop) à un devoir de première...
    Tant pis...
    Je persiste et je signe.

     

    Je rencontre bien des pensées émouvantes que je ne peux résister au plaisir de noter.
     
     (Puissent-elles m'aider, comme le fait le précieux ouvrage de Claude Gagnière ("Le bouquin des citations")...
     
     Puissent-elles faire avancer ma recherche...

     

     

    "La poésie est le plus court chemin d'une sensibilité à une autre" (André Beucler)

     

     

    "La poésie, art suprême et complet
    Peinture qui se meut et musique qui pense"

    (Lamartine)

     

     

     Le grand secret est-il là ? dans cette alliance entre le son des mots et leur sens, et le sens supplémentaire fourni par leur rapprochement ? Par lequel de ces éléments commencer ? L'un doit-il dominer ?

     

     

     Le travail d'écriture, un travail acharné permet-il d'aboutir ?

     

    "Si je suis poète par la grâce de Dieu, ou du Diable, je le suis aussi par la grâce de la technique et de l'effort." (Federico Garcia Lorca)

     

    mais attention, "La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer" (Henri Michaux).

     

    Voilà, ils ont tout dit... que me reste-t-il ?

     

      Il  reste la réflexion sur ce que j'écris, sur mon propre travail...


      Qu'y a-t-il à l'origine d'un poème ? une idée, un mot, un son, quelques notes de musique, un air de chanson, une impression, un rêve...


      Je crois  me souvenir de quelques "explications" de Paul Valéry à propos de la genèse du "Cimetière marin", combinaison de divers éléments : exposition prolongée au soleil de midi, sur le flanc d'une colline face à la mer, au milieu de blancs mausolées, paysage digne de la Grèce antique, de la Rome païenne, vertiges d'insolation, bruit d'un mince filet d'eau tombant goutte à goutte et lui donnant le rythme décasyllabique.

      Où ai-je vu, lu, entendu cela ? L'ai-je imaginé ?  Est-ce bien de Valéry lui-même ? Peu importe, c'est une possiblité et cela me suffit...


      
      Et les mots venant se ranger dans ce cadre...

      Ces mots d'où viennent-ils ? C'est toute la "culture" de l'individu qui les fait jaillir du fond oublié d'une mémoire inconnue. 
      (Est-ce "l'état de grâce", "l'inspiration" ? Suis-je en train d'enfoncer des portes ouvertes ?)

     

      C'est ainsi que j'ai conçu, me semble-t-il, bien des pièces. Ce sont les seules dont je sois à peu près satisfait... celles où l'on peut trouver quelque chose qu'il faudrait peut-être appeler poésie. J'aime les mots mais celui-ci me fait peur, Poésie...
     

    Tout ce qui trop "voulu", pensé systématiquement, n'est chez moi, que littérature, exercice de style, amusette ou pamphlet plus ou moins rimé ou rythmé, poème de circonstance... Ma rubrique "Imprécations" en est pleine mais on en trouve ailleurs...   Je ne renie rien puisque j'ai le rôle du conteur, même si c'est en vers...
      Par contre j'aime assez certains morceaux, (peut-être parce qu'ils sont venus sans volonté préalable, sans calcul...) : de très anciens comme le Chevalier du lac, le suicide Vallot, Toulouse... Je suis satisfait de La bouvine, de Farandole païenne, de Mercenaires, de Saluts... ceux de la suite "Sa vie selon JM" (un surtout)... quelques-autres un peu chauds ou "hard"... D'autres encore  qui viennent de mon adolescence et dont j'ai oublié ce qui a présidé à leur création et dont les idées me laissent souvent fort perplexe...


    Doute et perplexité, confusion et sérénité...


    Je n'ai surtout pas l'intention de rédiger une nouvelle anthologie mais, pour en rester à une période relativement proche, voici ce que j'apprécie :  El Desdichado,  tout Baudelaire, les quatre premiers vers de la Grande Chartreuse de Sully Prudhomme, les poèmes de Mallarmé,  de Paul Valéry... mais il y a aussi "Ce que dit la bouche d'ombre" de Hugo et son Gwinplaine de "L'homme qui rit"  car je sais que l'on rencontre aussi la Poésie dans des romans, dans leurs personnages, des pièces de théâtre, "Miguel Mañara" de Milosz, les oeuvres de Louis-Ferdinand Céline, de Boris Vian, de Philippe Djian, de Marcel Aymé...

     
    Bien sûr, la liste est fort loin d'être exhaustive...  Il y a l'immensité de la littérature d'autres temps, d'autres lieux, d'autres peuples...
    Et dans la nature la poésie barbare, comme dans l'approche de la fin...

     


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