A la tombée de la nuit, un homme, âgé d'une cinquantaine d'années, au volant de sa grosse voiture revenait d'une promenade dans un bosquet proche... 
Il en avait profité pour ramasser un peu de bois mort qu'il brûlerait ce soir dans la cheminée. 
Il avait négligemment posé à côté de lui, sur le plancher du véhicule, devant le siège du passager, un gros poignard acheté il y avait fort longtemps aux surplus de l'armée américaine. Il s'en servait essentiellement dans ses sorties en campagne comme d'un outil pour se frayer un passage dans les broussailles et couper éventuellement des branchages de petite taille. Il avait conscience qu'il s'agissait d'une arme redoutable. Il avait d'ailleurs appris à la lancer avec un certain succès.
Il engagea son véhicule sur la longue ligne droite qui menait à l'entrée de la ville.
Il roulait lentement car il savait que cette portion de route était très surveillée. Une petite voiture, conduite  par un individu apparemment plus jeune, le dépassa en klaxonnant et, se rabattant, le frôla, l'obligeant à ralentir pour éviter le choc. 
L'homme klaxonna à son tour et le chauffeur devant lui freina brutalement pour manifester son mécontentement. L'homme fit un appel de phares et la querelle commença... coup de freins, appels de phares, coups de klaxon... 
Les deux conducteurs sentaient la rage monter en eux.
Profitant d'un ralentissement de la circulation, l'homme, prenant des risques, réussit à dépasser le véhicule de son adversaire et à se rabattre vivement devant lui. Il se mit à rouler très lentement. La colère devait étouffer l'autre qui, en le suivant de trop près, faisait mine de vouloir pousser ce véhicule qui le gênait tant...
Arrivé au carrefour à l'entrée de la ville, l'homme tourna brusquement sur sa gauche et coupant la circulation pourtant très importante sur cette nouvelle avenue, entra dans le parking mal éclairé d'un magasin. Il avait gagné quelques longueurs sur son poursuivant... quelques secondes...
Ce dernier sans autre précaution  arrêta sa voiture contre le trottoir de droite, sur le boulevard, descendit et traversa. L'homme attendait dans sa voiture. Il avait saisi le poignard mais ne l'avait pas sorti du fourreau.
L'autre arriva, essaya d'ouvrir la portière et n'y parvenant pas donna un violent coup de poing dans la vitre.
L'homme ouvrit lentement et descendit. Le jeune se précipita vers lui, menaçant, s'agitant, mimant les gestes d'un karatéka et hurlant. L'homme qui venait de constater qu'il n'y avait pas de témoins dégaina le poignard et s'avança. L'autre prit peur soudain, comprenant que ses menaces ridicules n'avaient pas impressionné l'adversaire. Il s'enfuit en courant mais il eut le temps de voir que l'homme s'apprêtait à lancer son arme dans sa direction...
Il lui fallait traverser l'avenue pour regagner son véhicule. Affolé, ne prêtant attention à rien d'autre, il bondit.  Une voiture lancée à vive allure le heurta violemment.
Un choc... des bruits divers...
Avant que la foule commence à se rassembler, l'homme, après un rapide coup d'oeil, pénétra en souriant dans le magasin...