• Les poèmes des autres... "La femme à barbe" - Maupassant

     

    Je n'ai pas dit dans mon titre, comme je le fais d'habitude, "j'aime les poèmes des autres"...
    J'ai commencé à présenter un aspect plutôt méconnu de Maupassant mais ça ne m'amuse plus trop.
    Je ne sais si j'irai jusqu'au bout.

    Je vous dirai pourquoi tout à l'heure...




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    La femme à barbe



    Quand le vilain paillasse eut fini sa parade,
    J’entrai. Je vis alors debout sur une estrade
    Une fille très grande en de pompeux atours
    Que des gouttes de suif tachait comme des larmes.
    Roide ainsi qu’un soldat qui présente les armes,
    Elle avait le nez fort et courbé des vautours.
    Elle était pourtant jeune – une barbe imposante
    Lui couvrait le menton, noire, épaisse et luisante.
    L’étonnement me prit, puis je voulus savoir !
    Je l’invitai d’abord à dîner pour le soir.
    Elle y vint, elle était habillée en jeune homme !
    Un frisson singulier me courut sur la peau ;
    La fille était fort laide et cet homme assez beau.


    Moi, je m’assis en face un peu timide, et comme
    Si j’allais me livrer à quelques accouplements
    Monstrueux… Je sentais venir par moment,
    Regardant cette fille aux formes masculines,
    Un besoin tout nouveau de choses libertines,
    Des curiosités de plaisirs que l’on tait,
    Et des frissons de femme à l’approche du mâle.
    J’avais la gorge aride et mon cœur palpitait ;
    Je me vis dans la glace et me trouvai très pâle ;
    Ces malsaines ardeurs me troublaient malgré moi.
    Elle but comme un homme et se grisa de même ;
    Et puis jetant ses bras à mon cou – Viens, je t’aime,
    Mon gros chéri, dit-elle, allons-nous en chez toi.


    À peine fûmes-nous arrivés dans ma chambre,
    Elle ouvrit ma culotte et caressa mon membre,
    Puis se déshabilla très vite. Deux boutons
    D’une chair noire et sèche indiquait ses tétons.
    Elle était jaune, maigre, efflanquée et très haute.
    Sa carcasse montrait les creux de chaque côte.
    Pas de seins, pas de ventre – un homme, avec un trou.
    Quand j’aperçus cela je me dressai debout ;
    Mais elle m’étreignit sur sa poitrine nue,
    Elle me terrassa d’une force inconnue,
    Me jeta sur le dos d’un mouvement brutal,
    M’enfourcha tout à coup comme on fait un cheval,
    Et dans son vagin sec elle enserra ma pine.


    Sa grande barbe noire ombrageait sa poitrine ;
    Son masque grimaçait d’une étrange façon ;
    Et je crus que j’étais baisé par un garçon !…


    Rapide, l’œil brillant, acharnée et féroce,
    Elle allait, elle allait, me secouant très fort.
    Elle m’inocula sa jouissance atroce
    Qui me crispa les os comme un spasme de mort ;
    Et puis tordue, avec des bonds d’épileptique,
    Sur ma bouche colla sa gueule de sapeur
    D’où je sentis venir une chaude vapeur
    De genièvre, mêlée au parfum d’une chique.
    Pâmée, elle frottait sa barbe sur mon cou,
    Puis soudain redressant sa grande échine maigre,
    Elle se releva, disant d’une voix aigre,
    - Nom de Dieu, que je viens de tirer un bon coup !



    Guy de Maupassant



    Les mots sont crus, vous trouverez peut-être l'ensemble repoussant...
    D'accord.
    mais je ne peux m'empêcher d'y déceler une certaine émotion même de la part de ce Maupassant-là

    Alors, je suis allé faire quelques très modestes et faciles recherches sur ce thème de "la femme à barbe"... spectacle de foire très recherché semble-t-il jusqu'à un époque récente.

    On en a fait une complainte, une goualante...




    La femme à barbe        



    Entrez dans mon établissement
    Vous n'trouverez pas dans toute la foire
    Un phénomène plus surprenant
    Que c'te barbe qui fait ma gloire
    Vous pouvez toucher n'craignez rien
    Ça n'vous restera pas dans la main
    Touchez voyez qu'c'est pas des frimes
    Et ça n'vous coûte que dix centimes

    {Refrain:}
    Entrez bonnes d'enfants et soldats
    Tâchez moyen d'faire ployer c'bras
    On ferait plutôt ployer un arb'
    C'est moi qu'je suis la femme à barbe
    C'est moi qu'je suis la femme à barbe

    Quand j'vins au monde on reconnut
    Que j'serais l'honneur de la famille
    Jusqu'ici l'on n'avait pas vu
    De barbe au menton d'une fille
    En m'gratifiant de c't agrément
    L'ciel m'a fait un fier boniment
    Avec ça je n'suis pas feignante
    J'soulève des poids d'trois cent cinquante

    {au Refrain}

    J'trouve qu'au sujet de c't ornement
    Les hommes ont âme un peu trop fière
    J'n'suis qu'une femme et cependant
    Moi j'en vaux six d'mandez à Pierre
    Pierre l'hercule d'en face un agneau
    Qu'est jaloux d'moi comme un taureau
    Aussitôt qu'un civil me lorgne
    Ah nom d'un chien comme y vous l'cogne

    {au Refrain}

    Les sergents de la garnison
    Me font parfois la galanterie
    D'm'offrir un canon sans façon
    Mais j'vas pas avec l'infanterie
    On a d'la barbe mais d'la pudeur
    J'suis une femme et pas un sapeur
    J'plains celui qu'aurait l'impudence
    D'pas respecter ma corpulence

    {Refrain:}
    Entrez bonnes d'enfants et soldats
    Les hommes grêlés ne paieront pas
    C'est pas d'la chair mais c'est du marb'
    C'est moi qu'je suis la femme à barbe
    C'est moi qu'je suis la femme à barbe



    Paroles d'Elie Frébault - Musique de Paul Blaquière   1935
    chantée par Mademoiselle Thérésa aux Concerts de l'Alcazar.



     


    1935, c'est si pas vieux !

    et on rigole et on se moque...
    de quoi ? de qui ?
    mais d'être humains, tout simplement...

    voici les phrases qui m'ont arrêté... qui m'ont ému, je n'y peux rien :


    Elles sont de celle que l'on appelait La Belle Jongleuse qui déclare gentiment...

    "je suis faite pour la vie d'intérieur et je n'ai pas de plus grand plaisir que de mener une vie tranquille auprès d'un mari bon et rangé. Mes goûts sont ceux d'une femme vertueuse et lorsque j'ai dû gagner ma vie en exhibant mon talent de jongleuse, mon plus grand ennui était de me mettre en maillot. Il me semblait que les regards des hommes m'offensaient, et à l'idée qu'ils regardaient mes jambes, je rougissais jusqu'aux oreilles"

     

     

     

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