affiche de Mucha

 

un jeune chocolatier
dèjà très bon ouvrier
aime la sorcière méchante
dont l'image  fort le hante

les friandises du compagnon
si douces changeaient l'âme
faisant de mégère un tendron
mais la sorcière est trop infâme

la sorcière ne l'aime pas
elle est jalouse de la mère
du pouvoir qu'elle a sur le gars
cherchant toujours le mal à faire

elle dit au pauvre imbécile
rapporte moi pour mon chien
le coeur de ta mère c'est facile
et je t'accorderai ma main

le chocolatier en transe
sous le coup de l'envoûtement
malgré sa grande souffrance
obéit apparemment

sorcière tant prisait la chair fraîche
que le coeur voulut goûter
et dans une flaque disparaît
que le chien aussitôt lèche

 

 

 

 

un gros coeur en chocolat
le jeune homme avait su faire
tant féroce était la sorcière
que changer ne le pouvait pas

la divine providence
sans lui donner une chance
la conduisit au trépas
et le chien la dévora

ce chien de la carabosse
le conte n'en dit rien du tout
resta-t-il maudite rosse
ou devint-il gentil toutou

la morale de l'histoire
est inconnue du vieux grimoire
si voulez vivre gentiment
du chocolat mangez souvent

 

 

 

 

 

 

   Voici ce que Jean Richepin (1848-1926 ) avait écrit dans la complainte de "Marie des Anges"

 

 

 

 

 

Y avait un'fois un pauv'gas,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Y avait un'fois un pauv'gas,
Qu'aimait cell'qui n'l'aimait pas.

Elle lui dit : Apport'moi d'main
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Elle lui dit : Apport'moi d'main
L'cœur de ta mèr' pour mon chien.

Va chez sa mère et la tue
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Va chez sa mère et la tue,
Lui prit l'cœur et s'en courut.

Comme il courait, il tomba,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Comme il courait, il tomba,
Et par terre l'cœur roula.

Et pendant que l'cœur roulait,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Et pendant que l'cœur roulait,
Entendit l'cœur qui parlait.

Et l'cœur lui dit en pleurant,
Et lon la laire,
Et lon lan la,
Et l'cœur lui dit en pleurant :
T'es-tu fait mal mon enfant ? "