• Le Chaos, élucubrations.




    "Papy, tu te lances dans la Recherche ?"

    C’est en ces termes ironiques, puisés certainement dans les blagues bon marché de l'almanach Vermot, que mon petit-fils se moque parfois de moi quand il me voit fouiller un peu partout dans la maison ou dans le jardin… en quête d’un document, de mes lunettes, des clés de la voiture, d’un outil…
    Je suis et j’ai toujours été quelqu’un d’étourdi, certes, mais surtout de particulièrement désordonné… et avec l’âge, bien sûr, rien ne s’arrange…
    Devant un tel désordre général, une telle confusion, une telle pagaille, "c’est le chaos !", s’exclament horrifiés les gens bien élevés…
    Très simple…

    Trop simple...




    Je le croyais aussi jusqu’au jour où, fort surpris, (car je pensais dans ma naïveté que l’expression familière « f… le bordel » était suffisamment explicite), j’appris qu’il existait une Théorie du Chaos…
    Par curiosité je me penchai sur le sujet…
    En guise d’agréable amuse-gueule, je vous en livre les premières lignes :
    « La théorie du chaos s'attache principalement à la description de ces systèmes à petit nombre de degrés de liberté, souvent très simples à définir, mais dont la dynamique nous apparaît comme très désordonnée »
    Aussi clair et beau que le sujet d’examen de chimie qui m’est, un beau jour de juin (1958, je crois...)  tombé sur la tête et m’a mis… KO…
    "La stéréoisomérie des composés du carbone ayant un seul C asymétrique"...
    Une heure de présence, obligatoire à l’époque, je recopie deux ou trois fois le sujet, je signe la feuille et je pars en courant…
    (je dois avouer que mon année universitaire s’était  presque totalement arrêtée peu après les vacances de Noël, abandonnant en janvier les amphis et les labos pour les endroits que l’on dit de perdition, certes, mais tellement plus amusants…)
    Depuis un demi-siècle, j’essaie parfois encore de comprendre les mots de l'énigme.
    J’en ai lu des pages du genre : la stéréoisomérie, n'est qu'une notion comparative entre deux molécules, possédant la même formule semi-développée, mais qui ont un arrangement différent dans l'espace… etc. etc .
    Ouais...
    Là, c'est le KO profond, si voisin du coma....
    Je n’ai toujours pas la moindre idée, même approximative, du but poursuivi par mes savants persécuteurs.





    Et je n’en suis pas plus avancé ni plus marri pour autant…
    J’ai appris par coeur ce petit texte et j’en suis venu à le trouver aussi beau qu’un poème surréaliste !

    J’ai survécu…  mais la Chimie, la Physique, leurs théories et leurs mystères plongent encore souvent mon esprit dans un véritable chaos...
    Parti en courant du temple des sciences j’ai failli me noyer dans des études littéraires…
    Pourtant peu profondes...

    Mais j’ai continué sans broncher malgré les  rudes… cahots de la route.
    Sur cette route, j’ai rencontré d’autres genres de Chaos, aussi indigestes que les fantaisies des savants, mais souvent magnifiques, les chaos granitiques du Sidobre ou d’Huelgoat… véritables rivières de roches, témoins des désordres capricieux et grandioses de Dame Nature…






    Pour me rattraper et montrer que j’ai conservé quelques reliques d’une scolarité, qui n’a en réalité pris fin qu’à l’âge de la retraite, je me suis vaguement intéressé à la notion mythologique du Chaos Originel
    Et j’ai voulu me faire plaisir… j’ai mis en méchants  vers  de pacotille les ratiocinations d’un poète contemporain d’Homère, un incertain Hésiode, sur le Chaos  (cf votre wikipédia favori), le commencement de toute chose…


    Le Chaos était là présent depuis toujours,
    génèrant  pour les dieux la demeure sur Terre.
    aux hommes comme aux dieux il fit don de l’Amour 
    et des sombres Enfers, Ténèbres de mystère.
    puis l’Ether et  le Jour naquirent de la nuit
    de leur Ciel étoilé sous la voûte qui luit
    les dieux vont surveiller les terrestres affaires.
    les Nymphes sont cachées dans les douces vallées
    de la Haute Montagne en ses fraîches allées…
    loin de la Mer stérile et des vagues amères…





    Il suffit !
    je sens votre fatigue
    pardonnez, je vous en conjure, mes douces amies, mes chers amis, le lourd pensum que je viens de vous infliger...
    Laissons donc ici les dieux à leurs  amours pour le moins… cahotés !




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