• J'aime les livres des autres... La Chute de John R. II

     

     



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    Le héros de l'histoire, John Rain, s'apprête à affronter un vieux judoka qui a assisté  à ses victoires faciles sur de jeunes étudiants...

    Sur un espace libre du tatami, nous nous saluâmes. Puis nous commençâmes à tourner en rond, cherchant une saisie avantageuse. Il était extrêmement détendu et léger. Je feintai d'un deashi-barai, un balayage du pied, espérant enchaîner par un osoto-gari, mais il contra la feinte d'un balayage qui me projeta à terre. Il était rapide. Je roulai sur moi-même pour me relever et nous reprîmes position, tournant dans l'autre sens, cette fois.
    Il avait les narines légèrement dilatées, seul signe de l'effort qu'il venait de fournir…
    Au cours des cinq minutes suivantes, il me fit tomber encore deux fois. J'avais l'impression de me battre contre une cascade.
    Je commençais à me fatiguer. Face à lui, je déclarais
    - jaa, saigo ni shoyo ? on arrête après celle-ci ?
    - Ei, so shiyo, répondit-il en sautillant sur ses doigts de pied. Allons-y.

     

     

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    Très bien, espèce de salaud, me dis-je. Je te réserve une petite surprise. On va voir si elle te plaît.
    Le juji-gatame, qui signifie clé croisée, est une prise de bras qui tire son nom de l'angle d'attaque. Son exécution classique place l'attaquant perpendiculairement à son adversaire, les deux judokas étant couchés sur le dos, formant une croix. Une permutation, les puristes parleraient de mutation, est appelée juji-gatame volant. L'attaquant lance la clé directement depuis la position debout. Cette prise, qui nécessite un engagement total, échoue une fois sur deux, aussi la tente-t-on rarement. D'ailleurs, elle n'est pas très connue.
    Je tournai en rond, sur la défensive, feignant une fatigue que je ne ressentais pas. Par trois fois, je repoussai la prise qu'il cherchait à m'imposer et l'esquivai, comme si je ne voulais pas m'engager. Frustré, il finit par mordre à l'hameçon, tendant la main gauche un peu trop loin afin de saisir le pan droit de mon judogi. Dès qu'il l'eut saisi, j'attrapai son bras et projetai la tête en arrière, lançant mes jambes en avant tel un plongeur effectuant un saut périlleux arrière. Ma tête se retrouva entre ses pieds et mon poids le força à se baisser. Mon pied droit s'enfonça sous son aisselle gauche, le privant de son équilibre. L'espace d'une fraction de seconde, avant qu'il s'envole au-dessus de moi, je lus de la stupeur sur son visage. Ensuite, nous nous retrouvâmes à terre. J'avais emprisonné son bras, le maintenant en arrière.

     

     

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    Il culbuta sur le dos et chercha à se dégager de mon emprise, sans résultat. Son bras était à la limite de ses capacités. J'accentuai légèrement ma pression mais il refusa de se soumettre. Je savais qu'il ne restait que deux millimètres avant que son coude lâche. Quatre de plus, et je lui cassais le bras.
    - Maita ka, dis-je en penchant la tête en avant pour le l't'llIrder. Soumets-toi.
    Il grimaçait de douleur mais m'ignora.
    Il est stupide de lutter contre une clé. Même lors d'une compétition olympique, les judokas se soumettent plutôt que du risquer une fracture. Cela devenait dangereux.
    - Maita ka, insistai-je plus sèchement.
    Il luttait toujours. Cinq secondes s'écoulèrent. Je refusais de le lâcher sans soumission, mais je ne voulais pas lui casser le bras. Combien de temps pourrions-nous maintenir cette position?
    Eufin, il tapa ma jambe de sa main libre en signe de reddition. Je relâchai aussitôt mon emprise et m'écartai de lui. Il roula sur lui-même et se mit à genoux, dans la position classique du seiza. 




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    Il se frotta le coude quelques secondes et me regarda.
    - Subarashikatta, dit-il. Excellent. Je vous aurais volontiers demandé une revanche, mais je doute que mon bras me le permette  aujourd'hui.

    - Il fallait taper plus vite. Rien ne sert de résister à une clé de bras. Il vaut mieux survivre pour se battre un autre jour.
    Il inclina  la tête en signe d'approbation. 
    - Orgueil mal placé...
    - Je  n'aime pas céder non plus…
    Il parlait toujours anglais et je répondais en japonais.
    Je lui fis face, en position de seiza et nous nous saluâmes.

     

     

       

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    à suivre...

     

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