Mon chevalier du lac

Dans la nuit commencée, naît la première étoile.
Arrivant de très loin sur un coursier de fer,
Le chevalier n’a plus que son habit de toile,
L’armure disparue, pour protéger ses chairs.

Il est beau mais revient tout sanglant du carnage.
Les flèches l’ont percé portant dans leur sillage
Des traces enflammées. Dieu sait qu’il a souffert
Mais il a survécu seul parmi tous les Pairs.

A travers bois sacrés et le vert d’Angleterre,
Les vers noirs et rongeurs de l’aumône des Frères,
Trahisons pardonnées, il a refait son cœur.
Fier, il a retrouvé le vrai sens de l’honneur.

Et pour toujours errant dans le si vaste monde,
Les beaux serments guerriers n’ayant pu l’empêcher,
Il voit dès aujourd’hui finir son seul péché.
Il n’y a plus désormais de Sainte Table ronde.

 
Son cœur acceptera le flamboyant passé
Mais s’il revient un jour rendre un dernier hommage
Il voudra d’anciens dieux avoir le patronage
Car l’amour était loi dans les temps effacés..

Et les montagnes bleues et les cristaux de glace
sur  l’être plein d’émoi,
Chevalier, viens, non à l’oiseau qui passe,
Chevalier tu es en moi.

Maisons, forêts, leurs arbres,
Tous vont chanter en chœur.
Mon ciel n’est plus de marbre,
Chevalier-mon âme, sais-tu, je n’ai plus peur…