• Incantations 5

     

     

    Autres déchirements

     

     
    Voici la moult ancienne et triste complainte traitant de la véridique  et moult déplorable histoire si fort navrante de la petite fille, de sa mère et de leur bourreau


    Elle lui avait fait confiance
    mais il brisa sa vie, le dément.
    Elle avait eu l'imprudence
    de lui laisser son enfant,
    assise dans la chambrette
    au milieu de ses joujoux.
    De la gentille fillette
    l'homme entrevit un genou...

    Elle avait eu l'imprudence
    de lui laisser son enfant.
    Elle lui avait fait confiance
    mais il brisa sa vie, ce dément.


    La fillette était très belle,
    quelques instants ont suffi
    pour que le crime fût commis.
    La honte perpétuelle
    pour ceux qui brisent les petits !
    La punition sera celle
    que Dieu inflige aux bannis,
    le dam, la peine éternelle
    les tourments sans aucun répit.


    Elle lui avait fait confiance
    mais il brisa sa vie, le dément.
    Elle avait eu l'imprudence
    de lui laisser son enfant.


    Passée la folie cruelle
    l'homme se prit à pleurer.
    A son cou passant la corde
    et l'autre bout à un crochet,
    à Dieu mandant miséricorde,
    en un sursaut il se pendait.


    Et bientôt la pauvre mère
    à moitié perdit l'esprit.
    Jamais vie ne fut plus amère,
    Jamais dieu ne fut plus maudit


    Elle lui avait fait confiance
    mais il brisa sa vie, le dément.
    Elle avait eu l'imprudence
    de lui laisser son enfant...

    **********

    "en France, les hommes qui ont perdu leur femme sont tristes, les veuves au contraire sont  gaies et heureuses…"  
    (Stendhal « De l’Amour »)

       

    Les mantaragnes

    Et voici...

       

    La vieille au longues dents qui bouffa son mari
    Et celle qui attend que son époux décède,
    Crachotant, elles font un sinistre pari :
    Ce vieux cuir fatigué, il va falloir qu'il cède.

    Mais encore il tient bon... Dans un jour ou dans cent,
    Elle va pouvoir enfin rejoindre cette foule
    Des veuves dont la vie si paisible s'écoule
    Tout en pleurant d'un oeil et de l'autre riant...

    Dieu merci...

    **********

    Saluts
     

    Je fus très rarement du côté des vainqueurs…
    Je fus très rarement dans le camp des vainqueurs…

    Je ne supporte plus le poids de cette chaîne…
    Et je ne veux plus voir le peuple de la haine…

    Mon seul drapeau est blanc comme en Belle Province
    Mais sur un fond d'azur il porte des fleurs d'or
    Il a  toujours bravé les forces de la mort…

    Mon pays survivra dans la foi pour le Prince.

    Flamme du coeur sanglant surmonté d’une croix…
    Drapeaux de la légende, étendards de nos Rois…

    Je préfère bien sûr la main droite tendue
    Au poing levé, fermé, des voyous de la rue…

     

    **********

     

    Révolutionnaires

    « Après le Grand Soir, il y aura le petit matin.
    Et nous…
    nous nous intéressons à ce petit matin ».
    Pierre Drieu La Rochelle

     

    ...Et même s'il est fou
    faut-il aimer son père ?
    pardonner son courroux
    boire potion amère ?


    Leur soir n'a rien comblé
    dans la sainte colère
    de leurs vœux et de leur faim
    de leur honte-misère


    Dans la noirceur délétère
    la nuit l'esprit troublé
    ivre la pensée roule
    de la haine au chagrin

    La vierge et la putain
    sont livrées à la foule
    dans le petit matin
    très vite leur sang coule

    Le viol n'a pas suffi
    leur appétit féroce
    satisfait à demi
    ils ont saisi la gosse

    Frapper puis écorcher,
    démembrer la petite
    éventrer par la suite
    la pute  la brûler

    Un jeune homme vint à passer
    vêtu de soie comme le prince
    comme un vulgaire bandit
    à la lanterne on le promit

     

    Son accusation fut mince
    bon ou mauvais
    pour l'achever
    on le dit prince


    C’était un homme de bien
    et le bien provoque la rage
    quand les hyènes quittent la cage
    charité justice pour rien


    Mais au cours de sa capture
    il blessa force manants
    il subit mille tortures
    d'innombrables meutrissures

    Cet enfant était vaillant


    La fureur est sans limite
    souillés dans le rut
    les restes des victimes
    ont déjà disparu

    Chiens restent entre chiens

    Et comme chiens
    ils se massacrent
    boivent du sang au goût très âcre
    de fange et de purin
     
    Dans l’orgie ils se délectent
    d’autres mangent la chair
    oubliant l’odeur infecte
    qui remonte de l’enfer

    Les chiens détruisent généreux
    peu de chose reste sur terre
    c’est leur terre
    celle des gueux

    car ils ont failli nos pères
    révolutionnaires

    **********

      "Et là, pauvre parmi les pauvres, il fit ce pour quoi les pauvres ont une vocation inépuisable, il attendit, immobile et patient" (Michel Tournier - La goutte d'or)

    Attente

    Immobile et pensif, dans un coin l'homme attend.
    Il est arrivé là, il ne sait trop comment.
    Il a presque oublié... Le but de sa visite
    N'est qu'un lointain reflet mais un doute l'habite.

    Il croit se rappeler qu'il faudra repartir...
    Un pâle souvenir, un vague repentir,
    Par un autre que lui la faute fut commise.
    Le pardon ne vient pas, ni la fête promise...

    Sous le ciel apaisé d'un monde végétal
    Vers la mort, lentement, le vieil homme s'avance,
    Il vacille, repart et l'on dirait qu'il danse
    Mais le bourreau l'attend, ses crochets sur l'étal...

    Magique est la forêt sous les cristaux de glace,
    Pierres aux mille feux d'incertains paradis,
    Nos croyances perdues, nous sommes tous maudits.
    Car c'est bientôt la fin de la terrible chasse :
    Nous les avons traqués, nous les avons bannis,
    Les dieux nous ont quittés mais rien ne les remplace.

    Si la technologie du vain peuple savant
    peut agiter partout des baguettes mythiques,
    Rien n'est aussi brillant car les brasseurs de vent
    Ne peuvent recréer les landes fantastiques...

    Jamais ne revivra l'ancien monde fervent,
    Le monde de la foi, le monde du serment.
    Les dragons sont partis pour les enfers ludiques.
    Il n'est plus de donjons ni de cours féeriques.

    Nous comprenons enfin mais il est bien trop tard :
    Nous marchons dans le noir, tout droit vers nulle part...

    ...Me hallara la muerte si me lleva...

     

    **********

    "Et de longs corbillards sans tambours ni musique
    Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir
    Vaincu pleure, et l'angoisse atroce, despotique,
    Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir."
    (Baudelaire - Spleen)




    Après tout


    Ce n'est plus la campagne,
    Entre nuit qui finit et le jour qui survient
    Et ce n'est pas le bourg, ce n'est pas la montagne,
    L'aube d'un jour, comme les autres, vain.

    Mais à tout prendre enfin
    S'il n'y a pas la douleur dans les heures qui suivent
    C'est un jour de gagné de l'une à l'autre rive.
    Le compte est limité, prodiguons tous nos soins
    A ce corps fatigué, à l'esprit défaillant,
    La mémoire brisée... désir évanescent.

    incertitude
    inquiétude

    Nous le savons déjà, bien des événements
    Viendront quand nous serons dans la noirceur profonde,
    Nombreux sont les enfants qu'on ne verra grandir,
    Des êtres tant aimés, ni vivre ni mourir...

    On dit n'importe quoi mais la fin est immonde.

    **********
      
     
    La fin du repas
     
    Il y eut des jardins,
    des plages de beauté.
    Il y eut les échecs
    au long de la carrière,
    les moments de coeur sec,
    les instants de bonté.
    Il y eut des chagrins,
    il y eut des prières,
    il y eut la trahison
    mais il y eut le pardon,
    l'amour...
    les peines et les jeux de l'enfant...
    S'il rit ou encore s'il pleure,
    point n'est grave la leçon,
    point ne doit battre ta coulpe...
    Pour l'homme de bien,
    l'homme de rien,
    l'homme en dehors de la troupe,
    il y a  toujours
    Omar Khayyâm :
    "quand pour toi viendra l'heure
    de retourner ta coupe
    fais en sorte qu'il ne reste rien
    au fond"

    **********
     
    "Dieu était auprès de lui dans le noir. A la lumière du jour, il Le perdait parfois de vue. La nuit, cependant, Il était toujours là.
    Il repensait à toutes les années écoulées depuis son départ... Il était jeune alors. A présent, l'âge
    asservissait déjà certaines parties de son corps...
    Dieu nous fait vieillir afin de nous faire comprendre que nous reposons tout entiers dans Sa main. Il nous a donné cette vie étrange et remarquable, mais Il lui a imprimé la forme d'une tragédie afin que nous cherchions la grâce à travers Lui et Lui seul." 
       
    (Henning Mankell " Avant le gel "  le Seuil  2005 traduit  du Suédois par Anna Gibson)
     
       
    Je ne sais...
                                                
    Dans le jour éclatant, Dieu ne se montre pas,
    Mais dans la nuit qui vient, Son souffle, c'est la brise.
    Au pauvre  homme penché  l'Esprit parle tout bas,
    La paix des souvenirs, paix durement acquise...
     
    Si loin déjà... si vite le temps a passé
    Et tant de jours s'en sont allés...
    Il sent venir la vieillesse
    Il en accepte les faiblesses
    la descente dans la douceur,
    la déchéance mais pas la douleur...
     
    Il redoute l'infinie sagesse
    du  Dieu de grâce qui seul connaît
    les tristes modalités
    de la fin de notre drame.
    Et cette angoisse ronge l'âme
    qui voudrait voir l'éternité.
     
    Je perçois la décrépitude
    mais je n'ai pas de certitude...
    Je ne renie rien
    de notre passé chrétien.
     
    Si je doute, j'en souffre souvent...
    Mais je m'en moque également
    et alors, je vais narguant
    ceux qui sont sûrs comme les prêtres
    ou les athées militants...
     
    Moi, je ne peux ni veux connaître...
    Est-ce vraiment fini ?
    Un jour peut-on renaître ?
    Je ne sais et encore un peu, je vis.

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  • Commentaires

    1
    jean--marie Profil de jean--marie
    Mercredi 16 Janvier 2013 à 10:40
    Tu nous auras donné de la lecture pour pendant ton absence !

    Tu nous auras donné de la lecture pour pendant ton absence !

    profite bien de ces vacances et de ton baptême de l'air ! Commentaire n°1 posté par Melly le 21/10/2008 à 13h47
    bonsoir, ma chère Melly...
    la lecture de mes textes comme ça j'aurai du soutien
    dans les nuages !...
    gros bisous amicaux
    bien à toi
    jean-marie


    Réponse de Lambert Palis (jean-marie) le 21/10/2008 à 18h54
    Belle  "revue de presse"  des sentiments et comportements humains .
    Je reviendrai, car bien des choses m' ont échappées ...


    Bises Jean-Marie  Commentaire n°2 posté par Clo le 21/10/2008 à 12h05
    bonjour, ma chère Clo...
    j'occupe un peu le temps en attendant le départ !
    je te fais de gros bisous
    bien à toi
    jean-marie

     

    Réponse de Lambert Palis (jean-marie) le 21/10/2008 à 18h54


    Belle  "revue de presse"  des sentiments et comportements humains .
    Je reviendrai, car bien des choses m' ont échappées ...
    Bises Jean-Marie

    Commentaire n°2 posté par Clo le 21/10/2008 à 12h05

    bonjour, ma chère Clo...
    j'occupe un peu le temps en attendant le départ !
    je te fais de gros bisous
    bien à toi
    jean-marie

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