• Incantations 4

     

    Incantations 4

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    Inconscience

    à V. S. en toute amitié
    JM

     On part sur une idée quand on la croit géniale,
    on ajoute des mots, on joue sans réfléchir...
    et le mot devient flèche ou déchirante balle
    et l'on blesse ou l'on tue ce qu'on devait chérir.

    Mes idées ne sont pas toujours de raison,
    il y en a même de déplorables,
    je suis trop emporté,
    impatient de faire de l'effet,
    leur vacuité m'accable
    et je tape à côté.
    Au tir je suis minable
    j'ai souvent l'air d'un con
    ça n'a rien d'agréable...

    Si je touche la cible parfois,
    je laisse la douleur, dure comme la haine,
    celle de l'autre et la mienne
    je laisse larmes, je laisse désarroi,
     je pensais  m'amuser et je fais de la peine.

    Y aura-t-il le pardon ?
    Personne ne répond...
    La question est à jamais sans réponse.
    Et si je renonce...

    Il y a  quelquefois
    des fautes
    que l'on croit rattraper
    mais le temps que l'on note
    les mots pour consoler,
    ce temps, le sort, le vent mauvais
    tout complote  
    et vous prive à jamais
    de l'être malheureux que vous avez frappé...

    Pas de solution même amère ?
    Se taire ?
    Quand on a compris la leçon,
    Il est trop tard pour se refaire
    Les  vieux loups solitaires
    sont impassibles, il paraît...
    Moi je pleure toujours les amis déchirés,
    les parents et les frères...
    On veut miséricorde, on gémit mais en vain
    Car la vie c'est surtout un lent remords sans fin...

    Je n'ai su les aimer.


    ***********

    Tendre souvenir de lycée

    Projet de court-métrage d'animation français, (fantaisie quelque peu surréaliste) mais qui devra  naturellement être interdit en salle aux moins de 16 ans because pas très moral...

    Serez déçus, y a pas d'images
    mais l'histoire est gentille à souhait,
    elle me rappelle un temps peu sage
    celui de mon cher et lointain passé...


    Nous étions trente et un, classe de rhétorique,
    connaissez pas la rhétorique ?
    c'est vieux, tout ça,
    on nous faisait plancher ce jour-là
    sur la question critique :
    (sais plus trop si c'est bien ça...
    ça semble un 
    jouet pour fadas)
    "La poésie a-t-elle place en politique ? "
    (ou l'inverse)... Rassurez-vous,
    j'ai plus beaucoup
    d'alexandrins dans ma boutique...
    « Oui, répondis-je à haute voix,
    Quand la politique tombe aussi bas ! »
    Scandale !
    « Que veux-tu dire ? », s’écrie le prof,
     la fureur l'étouffe et l'emballe
    « Bof...
    M'sieur, j'entrave que dalle
    A leur salades franco-ruskof
    vous mettez pas dans cet état, restez soft »
    (Y avait pas "zen" dans les annales
    des années de mes 16 ans)
    « Ce que je sais, c'est que ces zigues
    nous emmerdent partout vraiment,
    en foutent pas lerche et sont prodigues
    de beaux discours bien parisiens
    dans les journaux, aux actus du cinoche »
    ( y avait alors pas bézef de téloches)
    « on n'y coupe pas, pas moyen
    vous voyez bien,
    M'sieur suis poète en politique
    Puisque eux ne valent plus rien… ».
    J'étais en avance pour mon âge,
    mais j'ai pas avancé depuis,
    vieil anar cuit et recuit
    (plutôt facho disent des "sages")
    dans des orgies de passage
    d'un bord à l'autre.
    Je me vautre
    dans le saccage
    de tout, de n'importe quoi,
    je ne sais plus ce que je crois.
     
    Je reviens à ma rhétorique
    vraiment très anti-politique
    Que le prof n'appréciait pas
    en réalité, c'était moi qu'il n'aimait guère,
    je savais qu'il voulait me faire
    virer du bahut
    car, paraît-il, fouteur de merde et de chahut.
    Plus rien à perdre, je déclare
    « rien à cirer, j'en ai marre,
    sous la table vais roupiller »
    je voulais surtout essayer
    de voir la si douce figue,
    ce beau rêve qui m'intrigue,
    de ma voisine au charmant minois,
    (je l'aimais bien depuis quelques mois
    et elle me le rendait ma jolie voisine)
    je plonge donc et je vois...
    Connaissant mon coeur, la coquine,
    allumeuse, comme il se doit
    à cet âge,
    avait au dortoir oublié
    sa petite culotte brodée.
    Dans mon corps, quel ravage
    je touche légèrement du doigt,
    puis un peu plus je voyage

    sur ce fruit à peine ouvert. Quel hommage,
    elle tressaille et dans son émoi
    elle trembloit.
    C'était bien davantage
    que je n'osais l'espérer,
    c'est chaud, rose et mignon, un peu mouillé…
    Je sens ma zigounette
    A éclater déjà prête.
    Le trop-plein va déborder
    mazette !
    ça urge de se barrer...
    Bousculant le prof espanté,
    ah, vise donc un peu sa tête !
    (Pagnol dirait tout estransiné),
    tombé sur le cul, il gigote et il s’indigne,
     y a de quoi,  peut toujours gueuler !
    Vite aux chiottes je m’esbigne
    au bord des lèvres le repas,
    (c'est qu'une image, vous gourrez pas).
    Pas besoin de la secouette,
    la porte à peine fermée,
    (pas pu mettre la targette
    pas le temps de me déloquer),
    je balance la purée
    qui se projette,
     et dégueulasse ma braguette…
    Quel gaspillage je me dis
    tu ne perds rien pour attendre,
    ma chère amie,
    et un dimanche ou un jeudi,
    je serai toujours très tendre
    mais la même dose il prendra
    bien comme il faut, ton petit chat…


    Sous la conduite de l'aumônier
    le dimanche à la messe
    on alla. Caché derrière un pilier
    je pus enfin tenir promesse,
    elle avait bien douces fesses,
    cul béni pour l'occasion,
    et aussi très beaux nichons...
    Pas besoin de la capote,
    on connaissait pas le virus noir,
    craignait le polichinelle dans le tiroir
    mais c'était vague, pour l'anecdote,
    fatalistes, on voulait pas savoir,
    on était cons de pas prévoir.

    Si j'ajoute cette note.
    c'est pour célébrer ce temps-là
    entre nous, c'était la joie...


    Les copains suivaient l'affaire,
    en rigolant ces grands couillons,
    ils oubliaient les cantiques et les chansons.
    Le chef des choeurs, le bon père
    entendant des canards s'avança
    Oh, la trouille, la peur atroce !
    elles vont déguster nos endosses !
    les miennes peuvent assurer
    mais ma gosse, elle, va charger...
    déjà que ses vieux la tabassent...
    Les frusques tombées on ramasse,
    on se refringue peu ou prou
    dans l'obscurité on se met à genoux
    sur des prie-dieu secourables
    on baisse la tête, adorables
    petits dévots mal fagotés.
    Miracle, le bon père reprend sa place
    à la tête de la classe.
    On peut enfin respirer
    et... prier
     
    Oh, putain le sacrilège !
    nous irons nous confesser.
    De la jeunesse le rire est le privilège,
    Dieu nous aura pardonné.
     
    Invraisemblable, cette histoire ?
    que nenni, elle m'est arrivée,
    mais certes, pour la gloire,
    j'ai quelque peu enjolivé...
    Que voulez-vous que ça me fasse
    si vous voulez en douter…
    De grâce,
    mon émotion point ne gâtez.

    Mon plaisir est dans ma mémoire,
    ma mémoire recomposée.
    Au diable les pieux grimoires.
    la vie s'est bien chargée
    de nous dompter....

    Enfin, elle a essayé
    la garce
    avec ses méchantes farces
    Mais y est-elle bien arrivée ?
     

    ****************

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    Conte anatomique, sans tête mais surtout sans queue…

    (amusette indélicate)
     
    « La vie n’est qu’un songe »
    Se dit le crapaud en se réveillant…
    Je sors d’un rêve fort agréable


    Donc je suis mort.
     
    Comme tout bon crapaud qui se respecte,
    Il rêvait bien sûr,
    il rêvait  de cette belle princesse
    Un instant entrevue
    Cette gente damoiselle,
    Pas oiselle, une oiselle
    c’est dangereux pour les crapauds,
    la petite princesse
    qui, naturellement avait osé
    bécoter
    son vilain museau
    pustuleux.

    Il voit le charmant prince charmant
    qu’il serait devenu
    si les conteurs
    n’étaient tous d’affreux menteurs…
     
    Mais dans son rêve,
    Pour son plus grand malheur
    Il avait vu
    La princesse nue…
     
    Il avait ressenti
    Dans son cloaque infâme
    D’intenses vibrations
    Qui avaient touché son âme !


    Ah, s’écrie-t-il
    Que ne suis-je un homme,
    Pour percer de mon dard
    Cette douce semblance,
    Un simple canard,
    L’anatidé paillard,
    Ou le  tonitruant
    tadorne
    qui orne
    bruyamment
    les pays riverains,
                        ou bien                     
    le cygne
    leur cousin
    Dont Zeus emprunta l’engin…
     
    C’est vraiment la guigne
     
    Ah, pouvoir pénétrer
    Ce fantôme sans os !
    Ô, vraiment marâtre nature
    Pourquoi cette injure ?
    Pourquoi n’ai-je cet organe
    Copulateur
    Dont tu dotas le monde supérieur !
    Et généreusement,dit-on, l’âne
     
    Je ne peux même
    pas me contenter moi-même
    Ça me gêne…
    A la façon de Diogéne
    Dans son tonneau.
     
    Me frotter ventre à terre ?
    Pilule amère…
     
    Je ne suis qu’un pauvre crapaud,
    Un vulgaire buffo buffo
    Et je suis un parfait anoure…
     
    M’en fous, suis mort…


    Quelle perte pour le parti évolutionniste du regretté Darwin, car vous l'avez remarqué, Sapientissime lecteur, ce gentil crapaud, s'il n'avait toujours pas de queue, avait des lettres...
    Ah, bon qu'est-ce que ça vient faire ici ? Rien,  évidemment.
    Comme je n'en suis pas à un sacrilège près, je dédierais bien cette insignifiante bluette à Konrad Lorenz mais bof... après tout peut-être se marrerait-il bien devant tant d'ineptie.
    Je suis sûr qu'il avait de l'humour, ses chères oies lui avaient appris tant de choses...
     
     retour


    **********
     
    goualante de la pauvre gisquette à la manière d'y a longtemps...

    (véritable complainte et avec refrain en langue plus ou moins verte pour la fête de la charité et de l'espoir)
     

    refrain :


    L'était qu'une minable radeuse,
    paumée sur son bout d'trottoir.
    Ell' tapinait dans les coins noirs
    pour pas se montrer, pauvre gueuse.
     
    Des amateurs, y en a pour tout
    mais des michetons y avait pas lerche,
    l'était trop moche pour le coup,
    quelques tocards sans trop de fraîche.
    Au point qu'elle est, elle s'en fout,
    la grande perche.
     
    La gagneuse a pas eu de bol,
    Coups de saton, pas de tendresse.
    L'était tombée sur un mariol,
    un demi-sel à la redresse
    qu'aurait aimé se pousser du col,
    se tirer bien fait de sa crasse,
    un teigneux vraiment pas joice,
    le méchant guignol.


    (refrain)
     
    C'était la classe trois étoiles,
    beaucoup d'artiche affurant.
    Dans le temps
    l'était pas sale,
    bien sapée, passe à dix sacs...
    Mais elle eut marre des mandales
    que lui refilait son mac.
     
    Elle a voulu larguer le jules.
    C'te con elle a barré,
    sans une thune pour s'racheter.
    s'il l'alpague, il la brûle.

    Tous ces barges, ils ont le droit,
    dans le mitan, c'est la loi.

    Les aminches la coincèrent,
    et, vachards, du surin jouèrent...
    L'ont balancée au coin d'un bois,
    Dans la joue, gravée la croix...
    Les affranchis, ils rigolèrent.

    Ell'creva pas  mais l'avait les foies.
    Because le mauvais saccage,
    les dos l'enverraient à l'abattage
    dans un boxon à crouyas.
    C'te môme l'méritait pas.
     
    En attendant et sans espoir,
    se démanche la pauvre gerce.
    L'est connue, la marquée du soir,
    mais l'est pas fameux son commerce.
     
    (refrain)

    Et moi c'te nana, je l'aimais bien.
    J'ai pas des cents, j'ai pas des mille
    mais j'lai menée loin de la ville.
    L'est plus trop belle mais ça fait rien...

    refrain :
    moi,  j'l'aimais  la minable radeuse,
    paumée sur son bout de trottoir,
    qui tapinait dans les coins noirs
    pour pas se montrer, pauvre gueuse.
     
    Par malheur m'a filé sa chtouille,
    un toubib, gratos, nous a soignés,
    ell' d'sa gueule en déroute,
    de son chat bien fatigué
    et de mézigue la biroute.
    On se fout de moi, c'est gagné,
    on me prend pour une andouille...
    et alors ? m'en bats les couilles.


    Nous partageons
    comme des frères.
    L'est mutilée, moi, j'ai l'air con,
    on va sûr faire une paire
    d'incroyables vagabonds.

    Et avec d'autres compagnons
    devant l'église le dimanche,
    en faisant comme eux la manche,
    nous gagnerons bien quelques ronds.
     
    Les curetons,
    c’est leur grand thème,
    nous le disent, main sur le cœur :
    Dieu, on le sait, les faibles il aime,
    surtout les faibles qui s'aiment.
    Plus faible que nous, tu meurs.
    C'sera pas toujours le carême
    on se tirera du malheur...

    (refrain :
    l'sera plus la minable radeuse,
    paumée sur son coin de trottoir,
    qui tapinait dans les coins noirs
    pour pas se montrer, pauvre gueuse.)


    Un jour ici, un jour ailleurs...
    Y a des squatts dans la cambrouse,
    quatre planches, de la chaleur,
    une grange qui sent la bouse,
    c'est pas besef, c'est du bonheur.

    Jamais, plus jamais ma gosse
    n'se pointera au turbin.
    Des michés, ces maudites rosses,
    Ell' croisera plus le chemin.
    Y a pas de quoi faire la noce,
    mais on a besoin de douceur,
    Petites gens, petits bonheurs...

    (dernier refrain )

    **********

     5

    Pour une improbable miséricorde…
     

    Il y avait l'autre jour
    du monde sur la place.
    Hésitant, je m'avance,
    je me méfie toujours
    du spectacle public
    de la foule assemblée.
    Mon sang se glace,
    je vois
    au milieu de la place
    attaché, nu, un corps supplicié
    à ce poteau dressé,
    un corps pas tout à fait crucifié.
     
    Une véritable croix
    et j'aurais plus vite compris,
    je crois…
     
    Mais je croyais simplement rêver.
    En moi-même je devins grossier,
    on me faisait injure,
    cette horreur était placée là pour moi,
    pour moi seul.
    J'en étais convaincu.
    qu'est-ce que ça vient foutre là ?
    Regardant de plus près,
    je crus reconnaître l'individu,
    le visage, ou ce qu'il en restait,
    de quelqu'un que j'avais vu,
    rencontré et même peut-être aimé…
    Et surtout,
    j'avais l'impression d'être pour quelque chose
    dans cette fin atroce.
    Mais je ne parvenais pas
    à trouver ce qui intriguait mon esprit.
    Pourquoi ?
    A quoi bon ?
    Et puis je réalisai soudain
    que je n'avais devant moi
    qu'une immense plaie,
    un océan de douleur.
    Le visage lacéré et le corps en lambeaux,
    on ne pouvait même plus déceler
    le sexe de cette apparition.
    La chose semblait morte
    mais elle se mit à parler.
    à qui ?
    à nous tous ?
    à moi seul ?
    "Vous commettez chaque jour
    un meurtre :
    vous négligez,
    vous méprisez,
    parfois vous haïssez,
    mais c'est moins grave.
    C’est plus franc.
    Et vous ne savez pas,
    vous ne cherchez même pas à savoir
    quelles souffrances
    vous pouvez faire endurer.
    Pour moi dans quelques instant
    tout sera fini.
    On m’a martyrisé
    mais je n’avais jamais fait
    le moindre mal.
    J'ai trouvé la paix
    mais pas vous.
    Pour vous la peur, le remords,
    le chagrin lancinant
    ne finiront pas"
     
     
       
    Comment peut-on ressentir du remords
    si l'on ne sait pas
    que l'on a commis la faute...
     
    Je n'y suis pour rien.
    Je ne suis pas méchant…
     
    Cependant le doute me hantait
    car les dieux sont vengeurs,
    ce n'était pas sans raison
    qu'ils m'avaient montré
    cette indicible horreur.
    Je m'enfuis avant la fin de l'être
    encore palpitant.
    Je m'enfuis affolé.
    Je commençais à comprendre,
    je devinais qui avait voulu me parler
    par la bouche de ce monstre désarticulé.
     
    Une pensée terrible m'envahissait.
    Je pensais à ma mère.
    Elle était trop douce
    Pour avoir pu me dire ces mots de sang.
    Ces mots étaient depuis longtemps
    dans mon cœur,
    gravés.
    Et je n’avais pu les lire.
    Ma mère
    qui m'aima tellement
    qu'elle en mourut
    lorsque je la quittai,
    lorsqu’elle crut
    que je me détournais d’elle.
    C’était pour peu de temps
    mais bêtement,
    sans raison vraiment valable,
    je jouais souvent
    l’indifférent.
    Elle mourut
    sans que j’ai pu lui redire mon amour,
    l'amour,
    non pas celui de l'enfant
    mais de l'adulte arrogant
    que j'étais peut-être devenu,
    arrogant et stupide.
    Je n'ai pas eu le temps
    de manifester le moindre repentir,
    d'essuyer ses larmes,
    de la serrer dans mes bras.
     
    c'est ma malédiction

    Ces mots me détruisent mais je devais les écrire un jour... 

     


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