Du coq à l'âne...

C'est volontairement, bien sûr, que j'évite les formules habituellement employées après une victoire sportive ou électorale... du genre ...  On a gagné... Ils ont gagné... Les bleus ont gagné... Victoire etc. etc.
Il a gagné, mais qui donc ?
Le Rugby...
Samedi un match de toute beauté, surtout cette deuxième mi-temps, éprouvante pour nos pauvres nerfs... surtout les ultimes minutes, les dernières secondes... Un spectacle total, magnifique... des joueurs splendides, dans les deux camps, et un public formidable...  les Anglais, les Britanniques chantant la Marseillaise avec conviction... un soutien peut-être pas tout à fait  dénué d'arrière-pensées pour la suite des événements (plutôt affronter la France que les All Blacks). Mais pour le moment pas d'esprit rabat-joie. Un public sans vociférations, sans insultes et surtout sans haine d'aucune sorte...
Un jeu dur mais loyal, c'est sa nature même !
Un jeu où l'on prépare une tactique mais qui peut à chaque instant être remise en cause.
Je veux comparer mon rugby avec le jeu, jusqu'ici roi, du ballon rond au pied, je ne veux pas le nommer autrement que par des périphrases... Un jeu que j'ai toujours détesté, jeu de jongleur, jeu d'adresse, dressage. Rien d'admirable là-dedans, pas de force s'opposant directement à la force de l'adversaire. La force ? la violence ? où y a-t-il plus de traîtrise et de coups sournois ? dans un sport qui passe pour particulièrement brutal ou dans ce semblant de guéguerre en dentelle ?
De quel côté est la haine, la haine véritable, la haine mortelle dans le public et sur le terrain ? De quel côté sont apparus les trucages, les marchandages honteux, les malversations ?
Je n'engage que moi dans ce que beaucoup appelleront élucubations...
Tout blanc d'un côté, tout noir de l'autre ? je ne suis pas si naïf...
Je suis injuste ? mais avec le plus grand plaisir, si ça vous fait plaisir de le croire... Je n'exprime que mes sentiments, et on ne peut accuser des sentiments d'être de mauvaise foi. Un sentiment, ça n'est pas raisonnable.
Et pourtant... je ne ne peux pas me dire vraiment sportif... ni amateur, ni spectateur habituel... trois ou quatre activités trouvent grâce à mes yeux, non pas en tant que spectateur mais comme pratiquant ou ancien pratiquant, modeste, très modeste... Judo, rugby, natation, ski de fond... mais je n'aime plus tellement en entendre parler...
Anecdote amusante et récente... je me suis intéressé à la marche à raquettes mais à cause de mon poids, paraît-il, je suis me suis vu attribuer des engins tellement gigantesques que j'ai renoncé à vouloir marcher dans la neige... autrement qu'accidentellement en 4x4... et c'est pas écolo...
Vous pouvez ainsi juger de mon attachement profond au monde du sport...
Et pourtant samedi j'ai vibré, profondément, sincèrement... vibré devant le jeu et vibré devant ce drapeau que je croyais ne plus représenter grand-chose pour moi, je l'avoue. J'ai éprouvé un instant d'émotion quand ce drapeau fut promené fièrement par les hommes qui venaient de lutter tout autour du lieu de leur exploit et en entendant la Marseillaise que je n'apprécie guère en général, j'ai senti que j'étais avec eux... eux, vainqueurs dans le calme et dans la dignité... Puisse la suite ne pas me décevoir...
De ma part aucun chauvinisme, ni bien sûr aucun triomphalisme dans cette histoire... Il y a si peu de raison d'en éprouver, aujourd'hui pas plus qu'hier et je crois, malheureusement,  pas plus que demain... Pays en faillite qu'il a dit l'autre... peut-être... pays à bout de souffle, sans grande perspective d'avenir...
Des politiques hasardeuses, une agitation effrénée, des astuces tenant lieu de stratégie et de programme... des mots sans cesse répétés comme autant d'incantations... le tableau est sombre.
Viendront-ils bientôt les sacrifices expiatoires ?
Sûrement mais encore une fois comme d'habitude,  depuis des décennies,  ils frapperont à côté de la plaque... Ceux qui expieront ne seront pas les véritables responsables
En sera-t-il un jour autrement ?
Chi lo sa ?
Un dieu indifférent et très aléatoire ? si vous préférez prier...
Se battre ? seul ? dérisoire... Vous voulez combattre au côté de qui et pour changer quoi ?
Le mur... y a-t-il une brèche ?
Je ne vois rien.