• Cauchemar pour une douce fête...

    J'ai écrit ce... texte il y a déjà quelque temps... Il est quelque part dans l'immonde fouillis de mon blog... Je le place ici aujourd'hui en guise de pénitence puis que la fête habituelle est là, pour les autres, plus jamais pour moi...

    Pour une improbable miséricorde…



    Il y avait l'autre jour
    du monde sur la place.
    Hésitant, je m'avance,
    je me méfie toujours
    du spectacle public
    de la foule assemblée.

    Mon sang se glace,
    je vois
    au milieu de cette place
    attaché, nu, un corps supplicié
    à ce poteau dressé,
    un corps pas tout à fait crucifié.
     
    Une véritable croix
    et j'aurais plus vite compris,
    je crois…
     
    Mais je croyais simplement rêver.
    En moi-même je devins grossier,
    on me faisait injure,
    cette horreur était placée là pour moi,
    pour moi seul.
    J'en étais convaincu.
    qu'est-ce que ça vient foutre là ?
    Regardant de plus près,
    je crus reconnaître l'individu,
    le visage, ou ce qu'il en restait,
    de quelqu'un que j'avais vu,
    rencontré et même peut-être aimé…
    Et surtout,
    j'avais l'impression d'être pour quelque chose
    dans cette fin atroce.
    Mais je ne parvenais pas
    à trouver ce qui intriguait mon esprit.
    Pourquoi ?
    A quoi bon ?
    Et puis je réalisai soudain
    que je n'avais devant moi
    qu'une immense plaie,
    un océan de douleur.
    Le visage lacéré et le corps en lambeaux,
    on ne pouvait même plus déceler
    le sexe de cette apparition.
    La chose semblait morte
    mais elle se mit à parler.
    à qui ?
    à nous tous ?
    à moi seul ?

    "Vous commettez chaque jour
    un meurtre :
    vous négligez,
    vous méprisez,
    parfois vous haïssez,
    mais c'est moins grave.
    C’est plus franc.
    Et vous ne savez pas,
    vous ne cherchez même pas à savoir
    quelles souffrances
    vous pouvez faire endurer.
    Pour moi dans quelques instant
    tout sera fini.
    On m’a martyrisé
    mais je n’avais jamais fait
    le moindre mal.
    J'ai trouvé la paix
    mais pas vous.
    Pour vous la peur, le remords,
    le chagrin lancinant
    ne finiront pas"
       
    Comment peut-on ressentir du remords
    si l'on ne sait pas
    que l'on a commis la faute...
     
    Je n'y suis pour rien.
    Je ne suis pas méchant…
     
    Cependant le doute me hantait
    car les dieux sont vengeurs,
    ce n'était pas sans raison
    qu'ils m'avaient montré
    cette indicible horreur.
    Je m'enfuis avant la fin de l'être
    encore palpitant.
    Je m'enfuis affolé.
    Je commençais à comprendre,
    je devinais qui avait voulu me parler
    par la bouche de ce monstre désarticulé.
     
    Une pensée terrible m'envahissait.
    Je pensais à ma mère.
    Elle était trop douce
    Pour avoir pu me dire ces mots de sang.
    Ces mots en réalité depuis longtemps
    étaient dans mon cœur,
    gravés.
    Et je n’avais pu les lire.
    Ma mère
    qui m'aima tellement
    qu'elle en mourut
    lorsque je la quittai,
    lorsqu’elle crut
    que je me détournais d’elle.
    C’était pour peu de temps
    mais bêtement,
    sans raison vraiment valable,
    je jouais souvent
    l’indifférent.
    Elle mourut
    sans que j’ai pu lui redire mon amour,
    l'amour,
    non pas celui de l'enfant
    mais de l'adulte arrogant
    que j'étais peut-être devenu,
    arrogant et stupide.
    Je n'ai pas eu le temps
    de manifester le moindre repentir,
    d'essuyer ses larmes,
    de la serrer dans mes bras.
     
    c'est ma malédiction


    Ces mots me détruisent mais je devais les écrire un jour... 


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