•  

     

    En période de soldes, on ressort les vieux articles...
    je plaisante !
    Notre Muse de la Petite Fabrique d'Ecriture a eu l'excellence idée de nous inciter à faire, en guise de devoir de vacances, une plongée dans les annales de la communauté...

    voici, à peine retouché, un billet qui m'émeut encore.


    undefined

     

     

     

    Un matin de septembre 1964, de très bonne heure, à la gare Matabiau, à Toulouse, un jeune soldat qui vient de descendre de la "micheline" d'Albi se retrouve seul sur les quais presque déserts.
    Il est en tenue d'été.
    Il fait frais.
    C'est la première fois qu'il sort ainsi vêtu.
    Il a un peu froid mais il est surtout gêné... autant que s'il était nu.
    On lui a dit qu'il fallait saluer les officiers, les gradés...
    Mais il n'y connaît rien...
    A peine un mois "d'instruction", à la caserne Lapérouse dans ce prestigieux et terrible régiment de l'infanterie de marine.
    Les commandos… les "Marines" !
    Aucune fierté chez lui. Un mois "de classes" entrecoupé de séjours à l'infirmerie.
    Aujourd'hui, il rentre chez lui. Sursitaire, à presque 26 ans,  il est en instance de réforme, catalogué RD2, classé A4... réformé définitif sans pension pour défaut  d'audition...

    jm64

     


    Ce charabia qui lui semblait il y a quelques jours fournir la clé du paradis le laisse aujourd'hui désemparé. Le paradis est encore loin. Il lui faut parcourir les quais, le hall immense, prendre l'autobus pour traverser une partie de Toulouse, jusqu'aux Minimes et la barrière de Paris avant de rentrer chez lui... Puis, tout de suite après se rendre toujours en uniforme à la gendarmerie de la place St Michel pour faire viser son titre de permission. Il a droit  en effet à 12 jours de "convalescence" avant d'être obligé de revenir à Albi pour se présenter devant la commission de réforme qui le rendra, en principe, à la vie civile. Autant d'occasions de faire de "mauvaises rencontres", de tomber sur ces féroces gradés qu'il oubliera de saluer... il en est certain... et adieu la perm et les douceurs promises...
    Cette gare, qu'il appréciait énormément parce qu'elle évoquait jusqu'alors tant de charmantes retrouvailles dans cette bonne ville, se transforme soudain en un méchant lieu de perdition...
    Alors que faire ?
     

    …Les employés de la gare, le moindre cheminot en uniforme plus ou moins galonné, les facteurs, les agents de police, les pompiers, les contrôleurs de la Société de Transports en Commun se souvinrent sans doute longtemps en rigolant de ce jeune soldat qui, l'air absent,  le regard affolé, les a salués tous fort réglementairement un matin de septembre 1964...

     

     

     

    undefined

     

     

     


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique