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    C'était un mercredi de la fin du mois d'août, les vacances se terminaient. 
    Trois jours plus tôt, au cours d'un bal de quartier, Jean-Marc, qui n'avait pas encore seize ans, avait fait la connaissance de Marie-Thérèse, une jeune fille à  peine un peu plus âgée, originaire du Gard et venue pour quelques jours chez des cousins aveyronnais. Les deux jeunes avaient très vite sympathisé... Un coup de foudre comme on peut en avoir à cet âge.
    Le repas du soir vite expédié, Jean-Marc avait retrouvé son amie dans un coin abrité du jardin public. Elle était très mignonne dans sa robe légère. Elle annonça au jeune homme qu'elle repartait le surlendemain matin et que ce mercredi  elle devait rentrer de bonne heure, les cousins attendant des invités pour la soirée. Jean Marc fut très déçu. 
    Mais Marie-Thérèse lui précisa que le lendemain, jeudi, elle pourrait rester beaucoup plus tard. Sa cousine avait obtenu de ses parents l'autorisation de passer la soirée chez une amie avec elle. La cousine complaisante avait promis de permettre à la jeune fille de rester avec son ami le temps qu'elle voudrait. Tout s'arrangeait pour le mieux. Aprés de nombreux et tendres baisers, quelques caresses prometteuses, les jeunes gens se séparèrent.
    Le jeudi matin en se promenant en ville Jean-Marc passa devant les vitrines murales où étaient exposées affiches et photos des films de la semaine.
    Il sursauta. Un des trois cinéma de la ville projetait un film de Sacha Guitry qu'il tenait absolument à voir "Assassins et voleurs". Il aimait le genre d'esprit du Maître et admirait beaucoup les  principaux acteurs Jean Poiret,  Michel Serrault et Magali Noël.
    Comment faire ? la première séance  des nouveaux films de la semaine avait lieu le mercredi soir. L'esprit occupé par ses amours, il l'avait totalement oublié. Un nouveau changement de programme avait lieu le Vendredi. C'était donc ce soir la  dernière chance de voir ce film.
    Mais il y avait Marie-Thérèse  et les douces promesses. Il essaya de la rencontrer dans la journée mais ce fut impossible... personne chez les cousins.
    Le soir il se rendit tristement au rendez-vous du jardin public.
    Marie-Thérèse l'attendait toute pimpante et fort réjouie.
    Jean-Marc lui annonça qu'il ne pouvait rester. Quand il lui en eut exposé les raisons la petite proposa naturellement de l'accompagner. Mais le jeune homme  voulait voir ce film tout seul afin de l'apprécier vraiment, de le déguster ! Une lubie mais il y tenait ! Il refusa la proposition et n'en démordit pas. Marie-Thérèse  pleura, supplia, promis à Jean-Marc de lui "laisser faire" tout ce qu'il voudrait. Il demeura intraitable. Les échanges de mot devinrent plus vifs et la jeune fille lui flanqua une bonne gifle. Il s'enfuit en courant vers la salle de cinéma. Le film répondit à ses attentes, il passa un très bon moment. 
    En sortant de la salle, il commença à éprouver un certain remords.
    Il n'était pas très tard. Il se rendit chez l'amie de la cousine espérant avoir l'occasion de rattraper ce qu'il regardait maintenant comme une sacrée bêtise... Mais rien... portes closes et personne pour répondre à ses appels prudents, à ses  sifflotements discrets.
    Penaud, s'adressant de violents reproches , il dut rentrer chez lui.
    Le lendemain la cousine lui confirma le départ de la jeune fille  et lui apprit qu'il n'était plus question pour elle de revenir en vacances dans la petite ville.
    Jean-Marc revit souvent "son film" mais plus jamais Marie-Thérèse.

     

     


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